DYNAMIQUE DESTRANSFERTS

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P. Le Quéré

Exemples d'Activités de Recherche du groupe

POLITIQUE DE RECHERCHE

Dans le spectre scientifique du département Mécanique Energétique, le groupe Dynamique des Transferts se positionne entre le groupe Dynamique des Fluides , dont il partage les outils et la méthodologie, la résolution numérique des équations gouvernant le mouvement des fluides et des transferts associés, et le groupe Energétique , dont il partage les finalités, l'étude des phénomènes de transfert de chaleur et de masse. La spécificité des études menées dans le groupe est l'étude de la dynamique des transferts de chaleur et de masse, en général en situation de convection dominante, avec un accent tout particulier sur les instabilités et les phénomènes non-linéaires. L'autre caractéristique des études abordées est que ce sont généralement les inhomogénéités des constituants transportés qui sont à l'origine du mouvement, par l'intermédiaire de forces d'Archimède thermiques ou massiques, ou encore thermo-capillaires. Ceci résulte en un couplage très fort entre écoulement et transfert, et impose des contraintes spécifiques aux méthodologies utilisées, numériques en particulier. Ces études s'articulent autour de deux objectifs, l'un à caractère fondamental, l'autre à caractère plus appliqué.

Sur le plan fondamental, un des objectifs est de comprendre les phénomènes élémentaires essentiels dans la dynamique des transferts : les conditions de perte de stabilité de quelques classes d'écoulement en milieu confiné, les mécanismes responsables de ces pertes de stabilité, les séquences de bifurcations responsables de l'apparition du chaos et de la turbulence, en sont des exemples typiques. L. Tuckerman, recrutée en 1994 sur un poste de CR1, est venue renforcer ce thème de recherche, et les techniques qu'elle a développées pour le calcul direct des solutions stationnaires et des points de bifurcation ont déjà été appliquées pour plusieurs classes d'écoulements étudiées dans le groupe, convection naturelle et thermo-capillaire, écoulements interdisques. Parallèlement à ces études centrées sur les premières instabilités, nous avons également entrepris depuis quelque temps d'effectuer des simulations de deux de ces classes d'écoulements (convection naturelle en cavités différentiellement chauffées et écoulements interdisques) pour des valeurs des paramètres correspondant à des écoulements turbulents. L'objectif est ici de calculer par ces simulations directes (pour l'instant bidimensionnelles) les quantités statistiques qui font l'objet de modélisation dans les approches classiques de la turbulence par la résolution des équations moyennées.

Le thème milieux poreux s'est structuré autour de trois études, l'une sur le plan dynamique pour caractériser les écarts à la loi de Darcy, la deuxième sur un plan thermo-acoustique de façon à déterminer les effets thermiques dus à l'absorption du son en fonction des caractéristiques des milieux considérés et la troisième autour de la caractérisation des conditions d'instabilités d'écoulements en cavités partiellement occupées d'un milieu poreux. C'est C. Weisman, MC Paris VI, arrivée dans le groupe en 1996 qui va prendre la responsabilité de cette dernière étude. L'élaboration d'un modèle de croissance de bulle en ébullition nucléée entre également dans ces études à caractère fondamental. Ce thème a donné lieu à la soutenance de thèse d'A. Mazouzi en juillet 1995. Tout en continuant à développer ce modèle, nous souhaitons pouvoir aborder le problème de la maîtrise de la stabilité de l'ébullition en film par des études de stabilité de cette configuration, linéaires et non-linéaires, complétées par des simulations numériques. Cette proposition a été acceptée dans le cadre du renouvellement du GDR GREDIC, sous la reponsabilité de J.M. Delhaye, CENG. E. Gadoin, recrutée en tant que Maître de Conférences à Paris VI en 1994 prendra en charge cette étude, en collaboration avec L. Tuckerman et J. Pakleza.

Sur le plan plus appliqué, nos objectifs sont de satisfaire aux demandes provenant du secteur aval en ce qui concerne la simulation de situations complexes, à la fois par la géométrie et par la juxtaposition de phénomènes élémentaires, dans le but d'effectuer des études de sensibilité paramétrique en vue de l'optimisation de composants industriels. La simulation du comportement des phares de voiture a été l'occasion de développer une technique originale pour la modélisation des transferts radiatifs séparant le rayonnement en grandes et courtes longueurs d'onde. Nous avons également développé un logiciel de modélisation du comportement du circuit de refroidissement d'un moteur automobile en diphasique, de façon à fournir à l'industriel concerné un outil interactif permettant de tester la possibilité de refroidissement diphasique des moteurs, ce qui permettrait d'en réduire l'encombrement en diminuant les surfaces d'échange nécessaires à leur refroidissement.

Ces études sont en majorité effectuées à l'aide de simulations numériques, et l'amélioration de nos outils de simulation, en collaboration avec le groupe Dynamique des Fluides, fait donc partie de nos préoccupations constantes. En particulier, les études portant sur les phénomènes d'instabilités, de transition vers le chaos et les simulations d'écoulements chaotiques nécessitent des algorithmes très précis (sur le plan spatio-temporel) et très efficaces. Les méthodes spectrales y trouvent un terrain d'application privilégié. Il est à noter qu'une nouvelle méthode de projection-diffusion a été développée par G. Labrosse et A. Batoul, en collaboration avec le Laboratoire de Modélisation en Mécanique de l'Université Paul Sabatier de Toulouse. Cette méthode offre l'avantage de pouvoir s'étendre aisément à 3 dimensions d'espace et a été utilisée avec succès par E. Tric pour déterminer la perte de stabilité de l'écoulement de convection naturelle d'air en cavité cubique aux parois latérales adiabatiques. Des progrès certains ont également été effectués, en collaboration avec le groupe Dynamique des Fluides, dans la formulation vitesse-tourbillon des équations. Des techniques de volumes finis couplées avec des méthodes de projection en vitesse-pression ont également été développées, qui offrent l'avantage de pouvoir intégrer les équations modélisant des problèmes couplés, dans des géométries relativement complexes. Le groupe dispose ainsi globalement d'une grande variété d'algorithmes, reposant sur différentes formulations des équations et différentes techniques de discrétisation spatiale, différences finies, éléments finis, méthodes spectrales.

Nous nous étions depuis longtemps intéressés, à titre exploratoire, aux techniques de décomposition de domaines (J. Pakleza). Nous avons récemment décidé de rendre opérationnelles des versions multi-domaines de certains algorithmes dans le but de pouvoir bénéficier, dans un avenir proche, des augmentations de performance promises par le parallélisme. En particulier, nous avons parallélisé sous PVM un algorithme résolvant les équations de Navier-Stokes en formulation fonction de courant-tourbillon en géométrie interdisques. Cet algorithme est actuellement opérationnel sur le Cray T3D de l' IDRIS . Il sert à effectuer des simulations directes d'écoulements turbulents à nombre de Reynolds élevé, qui nécessitent des nombres de points élevés (la résolution spatiale peut actuellement aller jusqu'à 2048 points dans la direction radiale en utilisant 64 ou 128 processeurs, et le temps de calcul " elapsed " est comparable à celui d'un processeur du C90). Cet algorithme utilise une technique de matrice de bord globale pour résoudre le problème de Stokes instationnaire, technique dont l'implantation ne va pas sans quelques difficultés sur un calculateur parallèle. Pour remédier à cette difficulté, nous avons également développé un algorithme multi-domaine de type projection, basé sur une technique de projection locale ne nécessitant pas de communications, en collaboration avec J.L. Guermond et Y. Maday, dans le cadre de notre participation à ASCI.

Pour la première fois depuis longtemps, des études expérimentales en fluide refont leur apparition en mécanique des fluides. Dans le cadre d'une Action Incitative du laboratoire obtenue en 1995, M. Firdaouss et J.B. Chalfen (du groupe Energétique) ont entrepris de développer un montage expérimental pour confirmer les résultats théoriques qui ont été obtenus sur la correction non-linéaire de la loi de Darcy. Le coeur du montage est actuellement réalisé et la mise en eau interviendra dans les mois à venir. Les premiers résultats sont attendus pour la fin 1996.

Les recherches du groupe sont actuellement structurées autour de 5 thèmes principaux qui sont :

THEME 1 - CONVECTION THERMO CAPILLAIRE ET THERMO SOLUTALE

G. Labrosse,E. Tric, E. Delouche, G. Kasperski, E. Chenier, C. Dang Vu, L. Tuckerman, S. Xin, P. Le Quéré

Ce thème rentre dans la classe des études à caractère fondamental visant à prédire des conditions de stabilité et d'apparition des instationnarités des écoulements de type thermo-solutal et/ou thermo-capillaire rencontrés dans des procédés de croissance cristalline, ou plus généralement dans des écoulements multi-constituants rencontrés dans des procédés de solidification ou de fusion. Pour la croissance cristalline, par exemple, de nombreux procédés de croissance sont en effet basés sur la croissance d'un mono-cristal à partir d'un bain fondu, l'apport de matière au niveau du cristal qui croît étant assuré par un transport convectif en phase fluide. La dynamique de la croissance dépend en grande partie de la dynamique de l'écoulement et il est notoire par exemple que des instationnarités de l'écoulement résultant d'instabilités hydrodynamiques peuvent résulter en des effets néfastes (inhomogénéités, striations,..) sur le cristal que l'on souhaite produire. Nous nous sommes plus particulièrement intéressés au procédé dit de zone flottante, qui consiste à faire déplacer le barreau de silicium polycristallin dans un anneau de chauffage, ce qui résulte localement en une fusion, suivie de la recristallisation devant donner un matériau mono-cristallin. Cette configuration peut être décrite en première approximation comme une géométrie axi-symétrique avec surface libre périphérique sur laquelle l'inhomogénéité de température provoque des forces d'origine thermocapillaire. A. Batoul s'est attaché au cours de sa thèse à développer des méthodes d'intégration spectrale adaptées à cette géométrie. Il a pu montrer qu'il fallait augmenter la résolution spatiale à des valeurs très élevées pour obtenir la convergence de l'approximation spatiale, en raison de la présence d'une très petite échelle de recirculation à proximité de la surface libre. Cette étude se poursuit actuellement par la thèse d'E. Chenier, dont l'objectif est d'adapter les méthodes développées par L. Tuckerman, pour déterminer directement les solutions stationnaires, les points de bifurcation et suivre les branches de solution. Cette connaissance permettra de mieux comprendre les évolutions observées lors de l'intégration des équations instationnaires. En parallèle, E. Delouche, dans le cadre d'une bourse de l'Ecole Doctorale Milieux Naturels, a entrepris une étude sur les phénomènes de convection thermosolutale dans des géométries axisymétriques, avec prise en compte de l'effet Soret. L'objectif est ici, à terme, d'appréhender la dynamique de tels écoulements, en vue de comprendre l'interaction entre les mouvements convectifs dans le manteau et le champ magnétique terrestre. Nous nous sommes enfin intéressés à un problème très particulier, celui de la déstabilisation d'une couche verticale comprise entre deux plans parallèles, où il peut exister, lorsque les poussées d'Archimède dues aux gradients thermiques et solutaux sont égales et opposées, une solution de vitesse nulle et présentant des gradients constants horizontaux de température et de concentration. Cette configuration très classique est en particulier le siège d'instabilités de nature subcritiques, et nous nous sommes attachés, en utilisant les méthodes développées par L. Tuckerman, à en comprendre l'origine. Deux de ces études font l'objet de doubles pages ci-après.

THEME 2 - CONVECTION NATURELLE : INSTABILITÉS ET TURBULENCE

P. Le Quéré, G. Labrosse, E. Tric, C. Dang Vu, L. Tuckerman, S. Xin, O. Daube, R. Boudjemadi

Ce thème de recherche est double dans sa finalité. D'une part, on étudie par des analyses de stabilité ou par des simulations numériques la perte de stabilité des écoulements de convection naturelle en cavité différentiellement chauffée, les routes vers le chaos et les mécanismes physiques qui en sont responsables. Les résultats récents obtenus dans ce domaine concernent l'étude de la stabilité d'une classe de solutions analytiques entre deux cylindres verticaux coaxiaux, sujet de la thèse de F. Abcha soutenue en Mai 1995, ainsi que l'étude de la stabilité de quelques solutions bidimensionnelles caractéristiques vis-à-vis de pertubations tridimensionnelles. Cette dernière étude, menée en collaboration avec R. Henkes de l'Université de Delft, a permis de mettre en évidence que les solutions 2D sont généralement instables vis-à-vis de perturbations tridimensionnelles avant de devenir instables aux perturbations bidimensionnelles. E. Tric et G. Labrosse ont également réussi, en utilisant un nouvel algorithme de projection diffusion pour l'intégration des équations de Navier-Stokes incompressible, à déterminer la transition à l'instationnarité en cavité cubique à parois horizontales adiabatiques. Il a notamment été montré que cette transition intervient à un nombre de Rayleigh beaucoup plus faible que la valeur du nombre de Rayleigh critique pour le problème bidimensionnel, et que la bifurcation associée met en jeu des mécanismes intrinsèquement tridimensionnels. Nous nous sommes également intéressés aux instabilités d'écoulements se produisant en cavités circulaires différentiellement chauffées, en utilisant soit des algorithmes spécifiques adaptés à la géométrie, soit en résolvant les équations décrivant le problème couplé conduction-convection. Deux de ces études sont décrites plus précisément dans les doubles pages.

D'autre part, nous avons entrepris, depuis plusieurs années, d'effectuer des simulations directes de cette même classe d'écoulements pour des valeurs des paramètres qui correspondent dans la réalité à des écoulements turbulents. Ces simulations ont pour but l'étude de la dynamique des solutions chaotiques mais également le calcul des quantités moyennes et des moments d'ordre 2 qui font l'objet des modélisations dans les approches basées sur la décomposition de Reynolds en parties moyenne et fluctuante. Il a donc été simultanément entrepris de résoudre les équations moyennées afin de permettre une interaction entre simulations directes et résolution des équations moyennées. Des comparaisons ont notamment été effectuées dans des cavités de rapport de forme égal à 4 pour des valeurs du nombre de Rayleigh de 1010, qui confirment, si besoin était, la surestimation de la turbulence prédite par des modèles k-e standards. Des simulations ont également été effectuées en cavité carrée avec des conditions aux limites adiabatiques sur les parois haute et basse. Les comparaisons effectuées avec des expériences réalisées à Poitiers ont conduit à remettre en cause ces conditions aux limites et à proposer des conditions plus réalistes. Ces études ont été soutenues par la DRET, et ont également eu le soutien du CSTB sous la forme de la bourse de thèse de S. Xin. Il nous est alors apparu qu'il convenait de se replacer dans une configuration plus simple, présentant aux moins deux directions homogènes. Nous avons alors décidé, dans le cadre de la thèse de R. Boudjemadi, effectuée en collaboration avec D. Laurence et V. Maupu du Groupe Recherche du LNH/EDF, d'effectuer des simulations tridimensionnelles de convection naturelle turbulente, en utilisant comme solution de base, soit la solution de conduction, soit la solution de double couche limite existant entre deux plans parallèles. Il n'a en fait été possible d'accéder au régime chaotique que pour la solution de conduction, confirmant par là, les observations antérieures faites par S. Xin lors de simulations bidimensionnelles. Ces simulations ont néanmoins permis d'accéder aux budgets des différentes tensions de Reynolds et ont conduit à proposer des améliorations à un modèle aux tensions de Reynolds. R. Boudjemadi a soutenu sa thèse en Janvier 1996.

THEME 3 - ÉCOULEMENTS INTERDISQUES ET TRANSFERTS THERMIQUES ASSOCIES

O. Daube, P. Le Quéré, L. Tuckerman, N. Cousin-Rittemard, R. Jacques

Les écoulements interdisques sont représentatifs de nombreuses configurations d'intérêt industriel, en particulier dans les machines tournantes. L'amélioration du rendement thermique de ces turbomachines passe par un accroissement des températures de cycle et donc par une meilleure maîtrise de la tenue en température de leurs différents constituants. Ceci nécessite une meilleure connaissance des transferts thermiques et donc des régimes d'écoulements dans ces configurations complexes. Nous avions entrepris, dans le cadre de la thèse de N. Cousin-Rittemard, qui avait reçu le soutien du FIRTECH MEMTA et qui soutiendra sa thèse vers la fin de l'année, de nous intéresser à la transition au chaos des écoulements inter-disques de type rotor-stator. Nous nous sommes heurtés à de grandes difficultés, liées en grande partie au fait que nous étions dans un premier temps incapables de mettre en évidence, à la transition à l'instationnarité, des solutions périodiques en temps comme il est habituel dans un domaine borné en raison de la séparabilité du spectre de l'opérateur d'évolution et de son jacobien. Les difficultés rencontrées ont cependant été riches d'enseignements, puisqu'elles nous ont montré la distinction claire entre notions d'instabilité convective et absolue. En effet, ces écoulements présentent la caractéristique d'être des écoulements de type couche limite en domaine borné et possèdent donc la particularité de devenir convectivement instables bien avant d'être absolument instables. Toute source de bruit numérique peut alors maintenir une solution artificiellement instationnaire analogue à ce qui se passe dans une couche limite en milieu ouvert. Nous avons récemment obtenu, dans le cas favorable d'une cavité de faible rapport des rayons et où le bandeau périphérique est attaché au stator, une solution périodique au voisinage du seuil, qui ne semble donc pas souffrir des défauts d'approximation rencontrés jusque là. Le simple fait d'attacher le bandeau périphérique au rotor résulte en une augmentation assez considérable de la valeur du nombre de Reynolds critique qui se traduit à nouveau par les difficultés d'approximation déjà mentionnées. Même si nous avons donc sensiblement progressé, il n'en reste pas moins que la détermination précise des paramètres critiques reste un problème encore largement ouvert, très exigeant sur le plan numérique. Cette étude se poursuit avec la thèse BDI de R. Jacques, cofinancée par la SNECMA dans le cadre du programme ARCTICA. L'objectif est ici de reproduire la démarche déjà pratiquée pour la convection naturelle, en allant effectuer des simulations pour des valeurs très élevées du nombre de Reynolds, qui correspondent à des valeurs pour lesquelles les écoulements sont en régime turbulent. Nous nous proposons de calculer les quantités statistiques qui font l'objet de modélisations dans les approches classiques de la turbulence basées sur la décomposition de Reynolds. Les premiers essais effectués ont montré qu'il était nécessaire de pouvoir utiliser un grand nombre de points de discrétisation aux valeurs des nombres de Reynolds envisagées. De façon à pouvoir atteindre ces résolutions élevées, et également dans le but de nous intéresser à des domaines géométriques plus complexes ou à des cavités avec des flux de masse pariétaux localisés, nous avons donc entrepris de développer des versions multi-domaines de deux algorithmes, en différences finies et en spectral. Un algorithme d'intégration des équations de Navier-Stokes instationnaires en formulation fonction de courant-tourbillon-vitesse azimutale a donc été parallélisé sous PVM et est actuellement opérationnel sur le Cray T3D de l'IDRIS. Cet algorithme utilise une technique de matrice de bord globale pour résoudre le problème de Stokes instationnaire, technique dont l'implantation ne va pas sans quelques difficultés sur un calculateur parallèle. Pour remédier à cette difficulté, nous avons également développé, dans le cadre du travail de thèse de A. Ben Mamoun, avec le soutien du FIRTECH Calcul Scientifique, un algorithme multi-domaines de type projection en vitesse-pression, basé sur une technique de projection locale ne nécessitant pas de communications. Ceci est fait en collaboration avec J.L. Guermond et Y. Maday, dans le cadre de notre participation à ASCI. Les travaux de N. Cousin-Rittemard et ceux de R. Jacques font l'objet de doubles pages.

THEME 4 - THERMIQUE EN ENVIRONNEMENT RéEL

J. Pakleza, E. Gadoin, S. Mazen, A. Mazouzi

Les études menées sous cette thématique s'intéressent à des situations plus proches des besoins industriels en considérant des configurations géométriques représentatives d'objets réels (phares de voitures) ou des configurations mettant en jeu différents phénomènes élémentaires (ébullition, diphasique). La thermique des phares des voitures en est un exemple, puisque la miniaturisation croissante des composants confère une importance croissante aux problèmes de transfert thermique (refroidissement, déformations des optiques) et chacun des trois modes intervenant pour des parts sensiblement égales, un traitement couplé des phénomènes élémentaires est donc nécessaire. Il a été développé, dans le cadre d'un contrat avec VALEO Eclairage, qui a donné lieu à la soutenance de thèse de Said Mazen en Décembre 1994, un logiciel de simulation de cette configuration. L'objectif est double : fournir à notre partenaire industriel un outil de simulation utilisable par un bureau d'études lui permettant d'optimiser ses produits, et acquérir une maîtrise de la modélisation et de la simulation de ces phénomènes couplés. De même, il a été développé, dans le cadre d'un contrat avec RENAULT, un logiciel de simulation du comportement d'un moteur de voiture, permettant de tester la possibilité d'un refroidissement diphasique. Parallèlement à cette étude, une étude de la croissance d'une bulle isolée en ébullition nucléée a été effectuée dans le cadre de la thèse de A. Mazouzi, soutenue en Juillet 1995. L'objectif est de proposer un modèle numérique permettant de reproduire la croissance d'une bulle et d'utiliser ce modèle pour des études de sensibilité paramétrique. Il serait souhaitable de disposer ici de données expérimentales concernant les vitesses de croissance et une collaboration avec les études expérimentales d'ébullition sur fil dans le groupe Energétique est en cours. Il est également à noter qu'une collaboration a été engagée et soutenue par la MDRI, avec le Pr. Kowaleski de l'Académie des sciences de Pologne qui a réalisé un montage expérimental permettant de visualiser la croissance d'une bulle isolée. Dans cette thématique, notre objectif est également d'appréhender la stabilité de l'ébullition en film par des études de stabilité linéaire, non-linéaire et des simulations numériques appropriées. E. Gadoin, MC PVI prendra, en collaboration avec L. Tuckerman, en charge cette étude, qui rentre dans le cadre du GDR GREDIC, sous la direction de J.M. Delhaye (CENG), GdR renouvelé pour 4 ans à compter du 1/1/96.

THEME 5 - COUPLAGES FLUIDE-MILIEUX POREUX

M. Firdaouss, C. Weisman, K. Naimi, P. Le Quéré, en collaboration avec J.L. Guermond, D. Lafarge, T. Levy

Nous avons entrepris des études sur les écoulements de fluides en milieux poreux. L'objectif est ici d'aboutir à une meilleure connaissance de l'interaction des phénomènes de transfert en milieux poreux à partir d'une approche locale à l'échelle du pore, reposant sur la résolution numérique des équations de Stokes ou de Navier-Stokes sur des domaines géométriques idéalisés. L'intention initiale était de comprendre l'interaction entre l'adsorption et le transfert de masse en milieux poreux à partir d'une approche microscopique locale, dans le but de déterminer les grandeurs macroscopiques intervenant dans la modélisation du comportement des colonnes d'adsorption par exemple. Ceci fait l'objet de la thèse de K. Naimi, dont la soutenance est prévue cette année. Parallèlement une étude est menée en collaboration avec J.L. Guermond sur le problème classique des corrections non-linéaires de la loi de Darcy et des résultats nouveaux ont été obtenus et confirmés par simulations numériques. En bref, il a été montré que, sous l'hypothèse de réversibilité de l'écoulement macroscopique sous l'effet du changement de signe du gradient de pression, la correction de la loi de Darcy était quadratique en nombre de Reynolds. Un montage expérimental est en cours de réalisation, soutenu par une Action Incitative du laboratoire avec la participation de J.B. Chalfen, dans le but de confirmer expérimentalement ce résultat et également pour mesurer les déviations gradient de pression/vitesse débitante dans des configurations anisotropes. Parallèlement, une collaboration s'est engagée avec D. Lafarge, du Laboratoire d'Acoustique de l'Université du Maine, pour étudier les effets dynamiques et thermiques dus à la pénétration d'ondes acoustiques en milieux poreux à forte porosité. Enfin, C. Weisman, MC Paris VI arrivée dans le groupe en 1996, a pris la charge d'une étude visant à déterminer les critères de stabilité d'écoulements de convection naturelle dans des cavités partiellement remplies d'un milieu poreux, dans le but d'envisager un éventuel contrôle du développement des instabilités par la présence de cet élément. Les premiers résultats obtenus confirment le côté stabilisant de l'introduction du terme de Darcy et la forte influence de la variation des propriétés thermophysiques sur la structuration spatio-temporelle des champs oscillatoires. L'étude sur la thermoacoustique et celle sur les instabilités font l'objet de doubles pages.

ACTIVITES D'ENSEIGNEMENT

Les enseignants-chercheurs du groupe assurent leurs enseignements dans nos deux universités de rattachement, Université Paris-Sud et Université Pierre et Marie Curie, et plus récemment Université d'Evry, suite à la nomination d'O. Daube en tant que Professeur. C. Dang Vu, qui a soutenu son Habilitation à Diriger des Recherches en Juin 1995, est responsable de l'année de licence de la filière de Mécanique de Paris Sud. G. Labrosse continue à assurer la responsabilité du DEA Dynamique des Fluides et des Transferts, auquel le groupe participe de façon active en y assurant en tout une (petite) centaine d'heures, en tronc commun et en filière A dite "Fluides Monophasiques". Par ailleurs quelques heures de cours sont également assurées dans le DEA de Mécanique de l'Université Pierre et Marie Curie. L. Tuckerman est également Maître de Conférences de Mécanique à l'Ecole Polytechnique.

RELATIONS NATIONALES

De façon globale, le groupe a assuré une présence dans les diverses actions structurantes au plan national. O. Daube et P. Le Quéré ont organisé les 3ème et 4ème Ecoles de Printemps du GdR Mécanique des Fluides Numérique en Mai 1993 et 1995, avec les soutiens du SPI et le la DRET, et ont pris en charge l'organisation de la 5ème qui se tiendra en Mai 1997. Diverses journées ont été organisées avec le soutien du GdR MFN, et en collaboration avec le groupe Dynamique des Fluides, une journée Méthodes des Caractéristiques en 1993, une journée méthodes de projection en Mai 1994, et une journée Décomposition de Domaines en Mai 1995. O. Daube est membre du COST MFN. P. Le Quéré fait partie du comité de Programme Mécanique des Fluides de l'IDRIS.

RELATIONS INTERNATIONALES

Le groupe entretient des relations avec des chercheurs étrangers s'intéressant à des problèmes semblables, tant sur le plan méthodologique (Pr. M. Deville) que sur le plan des domaines d'application (Ruud Henkes de l'Université de Delft, Professeur Hyun du KAIST (Corée), Pr Behnia et Pr De Vahl Davis de l'Université de New South Wales...). Les Professeurs M. Kaviany et M. Behnia devraient venir passer quelques mois avec nous en 1996, avec les soutiens des universités PVI et PXI et du laboratoire ASCI. Il est également à noter que nous avons été contactés par Bernard Philippe, de l'IRISA (Rennes), pour faire partie d'un programme COPERNICUS, en collaboration avec des pays de l'est, sur les méthodes et algorithmes pour caractériser les spectres des opérateurs gouvernant les problèmes d'instabilités. Enfin, des soutiens de la MDRI ont été obtenus pour des collaborations avec le Laboratoire de Transferts Thermiques de la Faculté des Sciences de Tunis et avec l'Académie des Sciences de Pologne.

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