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G. Fernandez, M. Denis
Objet
L'étude du traitement et de la mémorisation de descriptions d'itinéraires permet de mettre en évidence la coopération entre le système des représentations linguistiques et celui des représentations spatiales. Notre premier objectif est d'étudier les ressources attentionnelles allouées au traitement pendant la lecture des différents constituants d'une description d'itinéraire : repères, actions, détails sur les repères, mais également d'étudier le rappel de ces différents constituants. Notre second objectif est d'attester expérimentalement le rôle de l'imagerie mentale dans le traitement de descriptions d'itinéraires. L'imagerie est manipulée indirectement en contrastant des sujets qui présentent des scores élevés ou faibles à des tests visuo-spatiaux. Elle est provoquée de façon plus directe par l'utilisation de consignes invitant le sujet à visualiser le parcours durant la lecture. Cependant, les travaux de H. Taylor et B. Tversky ont mis en évidence deux modes différenciés de visualisation d'un environnement, impliquant soit la perspective d'un marcheur (perspective trajet), soit la perspective consistant à imaginer mentalement le territoire décrit comme vu d'en-haut (perspective survol). L'étude comparée de ces deux modes de visualisation nécessite la mise au point de consignes appropriées. Enfin, notre troisième objectif consiste à étudier l'effet d'une contrainte temporelle durant la lecture. Nous comparons une condition où les phrases de la description sont présentées rapidement et une condition contrôle où le sujet s'auto-délivre les phrases à son propre rythme.
Description
Nous avons conçu une procédure expérimentale visant à recueillir les temps de lecture et le rappel de phrases selon qu'elles introduisent un repère, une action ou un détail sur le repère. Les résultats attestent d'un traitement cognitif différencié des trois constituants des itinéraires, les repères étant les plus longuement traités et les mieux mémorisés. Nous relevons également que les individus les plus imageants lisent plus rapidement et ont une meilleure mémorisation que les autres individus. Enfin, les deux consignes d'imagerie (trajet et survol) améliorent le rappel. Par comparaison à une condition contrôle, la consigne trajet donne lieu à des temps de lecture plus longs (en particulier pour les individus les moins imageants), alors que la consigne survol produit les plus courtes durées de lecture (Figure 1). Une méthodologie statistique appropriée accrédite, d'une part, la forte différenciation entre les deux modes de visualisation mentale trajet ou bien survol (Figure 2) et, d'autre part, les effets différenciés de ces deux modes selon les capacités visuo-spatiales des sujets. Nous relevons l'existence d'un pattern moyen particulier des temps de lecture lorsque l'allocation des ressources attentionnelles est étudiée à des moments successifs, du début jusqu'à la fin de la lecture, et ceci quelle que soit la consigne appliquée durant la lecture. Nous remarquons également qu'en condition contrôle, l'allure des patterns individuels est moins homogène qu'en condition d'imagerie (trajet ou survol). Enfin, les consignes d'imagerie, et plus particulièrement la consigne survol, résistent à une contrainte temporelle en comparaison avec une condition contrôle.
Résultats et perspectives
En partant de ces résultats obtenus en laboratoire, nous envisageons une validation sur le terrain impliquant la navigation des individus dans un environnement réel après que l'itinéraire ait été mémorisé à partir d'un texte à l'aide ou non de consignes de visualisation mentale en trajet ou en survol. La procédure prévoit la mesure de l'effet de tâches interférentes (verbales, visuelles ou encore spatiales) sur le traitement des descriptions et sur la navigation.
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