Inférences optionnelles et compréhension de textes

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N. Campion, J.-P. Rossi

Figure

Objet

La génération des inférences que nous qualifions d'optionnelles paraît dépendre des associations sémantiques existant entre le contenu du texte et l'inférence. Elles permettraient d'activer les connaissances du monde nécessaires et d'augmenter le degré de génération de ces inférences, qui peut n'être que partiel. Toutefois, le rôle des associations pourrait être non seulement de rendre accessibles les connaissances nécessaires, mais aussi d'augmenter le nombre de relations entre les informations du texte et l'inférence dans la représentation construite. Le problème est donc de déterminer le rôle exact des associations sur la génération de l'inférence en compréhension et sur son intégration à la représentation construite.

Description

Les inférences optionnelles et les inférences de cohérence constituent les deux principales catégories d'inférences que le lecteur génère pour comprendre une narration. Les inférences de cohérence établissent des relations causales, référentielles et spatiales entre les informations du texte. Les inférences optionnelles permettent au lecteur de compléter sa représentation du contenu du texte au moyen de ses connaissances du monde. Nous distinguons trois sous-catégories d'inférences optionnelles : les particularisations, qui complètent le texte par des informations plus spécifiques, les prédictions qui anticipent les événements à venir dans le cours du récit, et les généralisations, qui résument des informations du récit par une information sur-ordonnée. Les connaissances du monde du lecteur constituent le support fondamental des inférences optionnelles puisqu'elles sont inférées sur la base d'une correspondance partielle entre des informations du texte et des connaissances. Aussi tout facteur permettant de faciliter l'activation des connaissances pertinentes en mémoire pendant la lecture jouera un rôle déterminant. C'est en particulier le cas des associations sémantiques reliant les informations du texte et l'inférence dans les connaissances du monde du lecteur. Des études variant la force des associations sémantiques liant le contenu du texte à l'inférence indiquent que les inférences optionnelles peuvent n'être que partiellement inférées. Seuls certains éléments de leurs contenus sémantiques seraient activés et cette activation serait peu durable. Des caractéristiques appropriées de la suite du texte permettraient que la génération de l'inférence soit plus durable et plus complète. Ici encore interviendraient les associations liant les informations du texte et l'inférence. Le problème est de déterminer si les associations sémantiques ont pour principal rôle d'activer les connaissances du monde ou d'ajouter des relations entre les informations du texte et l'inférence dans la représentation construite.

Résultats et perspectives

Dans une série de recherches concernant les prédictions, nous avons mesuré l'activation de l'inférence en compréhension, au moyen d'une tâche de décision lexicale et évalué le degré d'intégration de l'inférence à la représentation construite au moyen de tâches de jugement de la plausibilité de l'inférence. Les caractéristiques des textes étudiés sont présentées dans le tableau 1. Les résultats suggèrent que les associations sémantiques fournies par une phrase contextuelle : 1) sont indispensables à l'activation en compréhension de l'inférence (figure 1) ; 2) facilitent la génération de l'inférence sans ajouter de relations causales supplémentaires entre celle-ci et le contenu du texte (figure 1) ; 3) augmentent le degré d'intégration de l'inférence à la représentation lorsqu'elles apportent des relations causales supplémentaires entre le contenu du texte et l'inférence (figures 2 et 3).

Références

[1] Campion, N. & Rossi, J.-P. : <<Inférences et compréhension de texte>>. L'Année Psychologique, sous presse.
[2] Campion, N. & Rossi, J.-P. : <<The contribution of associative processes to the generation of predictive inferences>>. Communication au séminaire << Text and discourse >> de P. van den Broek et C. R. Fletcher, Université de Minneapolis, 1998.

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