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Objet
Dans cette étude, nous nous intéressons à la représentation sémantique élaborée après la lecture d'une métaphore. Nous visons à mettre en balance les hypothèses de la théorie de la comparaison de traits et celle de la théorie de l'interaction ([1],[2]). Selon la première hypothèse, la représentation sémantique assemble les traits communs aux termes composant la métaphore. Les traits alors activés ont un degré d'accessibilité élevé. Selon la seconde, la représentation sémantique issue du traitement n'est pas directement liée aux traits communs; elle émerge du traitement.
Description
Quatre-vingt-huit sujets ont participé à l'expérience. A partir d'une expérience précédente, nous avons sélectionné un ensemble de 12 métaphores poétiques nominales de la forme "A est B", A étant la topique et B le véhicule de la métaphore. Ont également été repris les traits associés à chaque topique, à chaque véhicule et à chaque métaphore (dans ce cas, on parle de trait-interprétation de la métaphore). La Figure 1 donne deux exemples extraits de notre matériel.
L'expérience s'est déroulée en deux phases. Dans la première phase, on présente au sujet, sur un écran, un mot (une topique ou un véhicule). Après disparition du mot (délai de 2000 ms), un second mot appara^t. Ce mot désigne soit un trait de la topique, soit un trait du véhicule, soit un trait-interprétation de la métaphore. Le sujet doit décider si ce second mot est compatible avec le premier. On mesure le temps de réponse, indicateur du niveau d'activation des représentations hors traitement métaphorique. Dans une seconde phase, on présente une métaphore, suivie d'un mot-sonde (soit un trait de la topique, soit un trait du véhicule, soit un trait- interprétation). Le sujet doit décider si ce mot est compatible avec la métaphore. L'analyse des différences de temps entre les situations (traits présentés après les topiques et les véhicules hors énoncé métaphorique et après ces termes inclus dans la métaphore) permet de statuer sur les représentations actives dans la compréhension des métaphores ([3]).
Résultats et perspectives
Les résultats présentés à la Figure 2 indiquent que les traits de la topique associés à la topique sont plus fortement activés que les traits-interprétation de la métaphore. De même, les traits du véhicule associés au véhicule sont plus fortement activés que les traits de la métaphore. Les traits de la métaphore ne paraissent pas être des traits saillants des éléments qui la constituent. D'autre part, après la lecture de la métaphore, les traits de la métaphore sont plus fortement activés que ne le sont les traits de la topique et ceux du véhicule. Ces résultats vont dans le sens de l'hypothèse d'émergence de traits lors du traitement de la métaphore : la représentation de la métaphore est constituée de traits qui lui sont propres. Ces traits préexistent-ils au traitement de la métaphore, mais avec un degré d'activabilité qui ne les rend pas accessibles, ou sont-ils élaborés au cours du traitement ? Pour répondre à cette question, un programme d'expérience est actuellement en cours.
Références
[1] Gineste, M.D. : <<Analogie et Cognition>>. Presses Universitaires de France, Collection Psychologie et Sciences de la Pensée, 1997.
[2] Gineste, M.D., &Scart-Lhomme, V. : <<Comment comprenons-nous les métaphores ?>> Notes et Documents du LIMSI, N97-01, 1997(accepté pour publication).
[3] Gineste, M.-D., Indurkhya, B., &Scart-Lhomme, V. : <<Mental representations in understanding metaphors>>.Notes et Documents du LIMSI, N97-02, 1997.
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