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Objet
L'étude porte sur la nature du stockage des représentations en mémoire sémantique et leurs relations avec les modalités visuelles d'accès (verbale ou imagée). L'objectif est de déterminer si le répertoire sémantique est commun aux images et aux mots ou bien s'il existe une spécificité selon le type d'entrée.
Description
L'hypothèse de base est que la mémoire sémantique est organisée en réseau(x) permettant la propagation d'activation entre les informations qui la constituent. Une expérience basée sur le paradigme d'amorçage sémantique a permis de montrer qu'aucun amorçage n'est obtenu à partir d'une amorce imagée (un dessin) sur une cible verbale, alors qu'un amorçage significatif appara^t lorsque l'amorce et la cible sont de nature verbale ([1]). L'une de nos hypothèses est que le réseau associatif est différent selon la modalité d'entrée. Ainsi, les images et les mots ne permettraient pas d'activer les mêmes associations sémantiques.
Pour valider cette hypothèse et caractériser le réseau associatif imagé par rapport au réseau associatif verbal, nous avons établi une table d'associations imagées, ainsi qu'une table d'associations verbales. Pour chacune des tables, nous avons présenté les items un par un, soit sous forme imagée (dessin), soit sous forme verbale (mot), et demandé aux sujets de nous donner l'item qu'ils associent le plus spontanément. Pour la table d'associations imagées, il était demandé aux sujets un effort d'imagerie mentale. Les résultats montrent que les tables d'associations verbales et imagées diffèrent dans 60 %des cas, les représentations imagées évoquant préférentiellement la situation de l'objet représenté (c'est-à- dire son contexte), alors que les mots évoquent préférentiellement un objet du même contexte ou encore une caractéristique de l'objet présenté. Ainsi, par exemple, au dessin d'un zèbre est associée la réponse "savane" dans la table d'associations imagées, alors qu'au mot "zèbre" est associée la réponse "rayures" dans la table d'associations verbales (Figure 1).
Pour déterminer si les associations imagées permettent d'obtenir un amorçage sémantique, une expérimentation basée sur le paradigme d'amorçage sémantique a été réalisée. Elle consiste à présenter aux sujets des couples d'items amorce-cible dont chacun des items peut être présenté soit sous forme imagée, soit sous forme verbale (Figure 2). La table d'associations utilisée dépend du type d'amorce. Le sujet doit décider le plus rapidement possible, mais le plus justement possible, si l'item cible est un mot de la langue (tâche de décision lexicale) lorsque la cible est présentée sous forme verbale, ou bien si l'item cible représente un objet existant lorsque la cible est présentée de façon imagée. L'analyse des temps de décision révèle des effets d'amorçage sémantique d'une cible verbale lorsque l'amorce est verbale ou imagé. Ainsi, un mot écrit peut être amorcé par une image ou par un mot écrit associé. Cependant, aucun amorçage d'une image n'est obtenu à partir d'une image ou d'un mot (Figure 3).
Résultats et perspectives
Nos recherches sur les modalités perceptives permettant d'accéder au contenu de la mémoire sémantique semblent en faveur d'un réseau sémantique unique. Cependant, une interrogation subsiste à propos du format de codage des connaissances en mémoire sémantique. Deux modèles s'affrontent : celui postulant l'existence d'une mémoire sémantique amodale ignorant la modalité d'origine des informations et celui supposant une mémoire sémantique composée de sous-processus influencés par les différentes modalités d'entrée des informations (conception "multimodale").
Référence
[1] Cornuéjols, M., Rossi, J.-P. : <<Etude de la structuration de la mémoire sémantique grâce à une expérience d'amorçage sémantique>>.Rapport d'activité du LIMSI, 1995.
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