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M.-P. DANIEL, G. Fernandez, M. DENIS
Objet
Trois opérations cognitives sont mises en ouvre dans la description d'itinéraires: activation d'une représentation interne de l'environnement dans lequel doit s'effectuer le déplacement; définition du parcours; formulation de la procédure permettant d'exécuter le parcours. Cette dernière opération a pour sortie une séquence d'instructions verbales, enrichies par des descriptions de l'environnement. Notre objectif est d'isoler, à partir de protocoles recueillis dans des conditions proches des situations naturelles, le fil conducteur exprimant l'essentiel de la procédure de déplacement. Cette analyse permet d'identifier les traits qu'il est important de préserver dans les systèmes informatisés d'aide à la navigation.
Cinq classes de propositions sont isolées dans les protocoles: prescription d'action sans référence à un repère; prescription d'action en référence à un repère; mention d'un repère sans prescription d'action; description des détails d'un repère; commentaires. Il s'avère, en considérant trois itinéraires différents sur le campus d'Orsay, que les propositions se répartissent de façon consistante sur les cinq classes (Tableau 1). En moyenne, environ 80%des propositions se réfèrent à des repères (classes 2, 3 et 4).
Description
Nous avons développé une méthode statistique simple permettant, à partir d'un corpus de protocoles individuels, d'abstraire la "description squelette" d'un itinéraire. Cette description réunit les traits jugés caractéristiques d'une description idéale: concision, absence de redondance et de surspécification, absence d'indétermination. En outre, la description squelette se réfère à un nombre modéré de repères et elle est explicite sur la nature des actions à effectuer sur les sites impliquant une réorientation.
Nous avons examiné la sensibilité de la description d'un itinéraire à des contraintes sur la taille de la description. Des étudiants de l'IUT d'Orsay ont été invités à rédiger la description de l'itinéraire reliant le hall principal de l'IUT au restaurant universitaire. Dans une condition, les sujets produisaient cette description sans contrainte. Dans une autre condition, les sujets étaient invités à être aussi concis que possible. Les résultats montrent que les sujets sont capables de tenir compte de cette contrainte, mais que l'effort de concision est très différencié (Tableau 2). Ainsi, les prescriptions d'actions (seules ou reliées à des repères) sont en nombre réduit, mais la diminution est beaucoup plus importante sur la description des repères et de leurs détails. La condition avec contrainte aboutit à une description squelette très réduite, mais dont tous les éléments appartiennent au squelette issu des descriptions non contraintes.
Résultats et perspectives
A partir de ces résultats, nous nous orientons vers des études de validation impliquant des tâches de compréhension et de mémorisation. Nos analyses de la durée de lecture de descriptions d'itinéraires ont révélé que les sujets consacraient davantage de temps au traitement des repères qu'à celui des actions et que le traitement des détails faisait l'objet d'une attention modérée. Cette hiérarchie se retrouve au niveau du rappel. Dans une nouvelle recherche, nous cherchons à identifier l'effet d'une présentation temporellement contrainte sur le rappel des différents composants de la description.
Références
[1] Denis, M.: <<The description of routes: A cognitive approach to the production of spatial discourse>>. Notes et Documents du LIMSI, N96-18, décembre 1996.
[2] Daniel, M.P., &Denis, M.: <<Spatial descriptions as navigational aids: A cognitive analysis of route directions>>. Accepté pour publication dans Kognitionswissenschaft.
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