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Exemples d'Activités de Recherche du groupe
Les recherches menées dans ce groupe portent essentiellement sur la compréhension et la
prédiction des phénomènes de mécanique des fluides dans lesquels les vitesses et
leur instationnarité ont un caractère moteur dominant. Les outils utilisés sont des
algorithmes numériques complétés par des visualisations
expérimentales.
Deux principaux objectifs déterminent l'orientation des travaux
engagés.
Le premier, à long terme, a pour but l'analyse et la compréhension des phénomènes
de base rencontrés en mécanique des fluides réels. Le décollement, les sillages
instationnaires, le mécanisme de création des tourbillons, et tout particulièrement les
transitions stable-instable ou laminaire-turbulent sont les problèmes que nous souhaitons
approfondir.
Le deuxième objectif, à caractère plus appliqué, s'oriente vers l'utilisation des
connaissances et des expériences acquises en mécanique des fluides et en
méthodologie numérique, pour modéliser et simuler des problèmes d'origine
industrielle.
Pour atteindre ces objectifs, on est conduit à mener simultanément :
Afin de pouvoir délimiter les domaines de validité des modèles et des méthodes
numériques mis au point, des comparaisons avec des résultats de mesure et de visualisation
expérimentaux font partie également de nos préoccupations.
Les travaux effectués dans le cadre de ce groupe sont en général réalisés en
collaboration avec des laboratoires universitaires français (LMF, CEAT de Poitiers ...) ou
étrangers (Dpt of Fluid Mechanics du Denmark Technical University, Dpt di Fisica de
Politechnico de Milan d'Italie), des organismes publics (DSA/DGA,
ONERA, CNES, Bassin des
Carènes, Institut Franco Allemand de recherche de Saint Louis), du milieu industriel (SEP,
SNECMA) et soutenus par des contrats.
Le groupe s'organise en 1998 autour de cinq thèmes.
THÈME 1 : MÉTHODES NUMÉRIQUES EN
MÉCANIQUE DES FLUIDES
J-L Guermond,
A. Ben Abdallah,
O. Daube,
L. Jeanfaivre,
G. Roignant-Jeanfaivre,
Ta Phuoc Loc
Sur ce thème nos travaux s'orientent essentiellement vers des recherches de formulations
alternatives et des méthodes numériques adaptées à la résolution des
équations de Navier Stokes instationnaires correspondant à des écoulements de fluides
compressibles ou incompressibles. Nos efforts portent principalement sur des cas
d'écoulements réalistes à grands nombres de Reynolds et à géométries
complexes.
En incompressible, les équations de Navier Stokes sont écrites en général avec les variables vitesse pression. Les méthodes numériques appliquées à cette formulation sont nombreuses. La plus connue reste la méthode de projection. Une étude théorique avec des améliorations sur les précisions temporelles de cette méthode a été réalisée et les résultats prédits sont confirmés par les expériences numériques (J.L. Guermond, L. Quartapelle).
Et dans le but de traiter les cas d'écoulements à grands nombres de Reynolds avec cette
formulation, une nouvelle recherche sur les méthodes d'éléments finis adaptées
à la simulation des grandes échelles a été introduite . Quelques résultats sont
donnés dans ce rapport pour illustrer l'état d'avancement de cette étude (J. L.
Guermond).
Cependant, pour éviter certains inconvénients liés aux conditions aux limites en
pression en écoulement externe, on peut éliminer cette variable en utilisant la formulation
vitesse tourbillon. C'est une autre voie choisie au LIMSI et dont les efforts ont porté leurs
fruits. L'équivalence entre les formulations vitesse pression et vitesse tourbillon est
démontrée. De nouveaux schémas numériques ont été élaborés,
permettant de satisfaire les contraintes sur la divergence des vecteurs vitesse et tourbillon. Ainsi
une méthode de discrétisation originale traitant ces équations en coordonnées
généralisées est construite (thèse de F. Bertagnolio, 1996) et un nouveau
schéma, similaire à la méthode de projection, est proposé (thèse de R. Lardat,
1997) permettant de diminuer notablement le temps de calcul, en comparaison à celui requis
dans les méthodes classiques, et ceci grâce à la réduction du nombre
d'équations de Poisson 3D à résoudre.
Avec ces choix de formulation, nous avons aussi le choix des méthodes numériques. Nous
continuons à porter nos efforts sur les méthodes de décomposition en sous domaines.
Deux classes de méthode de décomposition ont été développées : la
première, adaptant les méthodes aux sous domaines, et la deuxième, plus technique,
traitant les mêmes équations avec les mêmes méthodes dans les différents
sous domaines.
La méthode de décomposition en sous domaines avec l'emploi simultané des
techniques de différences finies et des particules tourbillonnaires ponctuelles est
opérationnelle en 2D. L'extension aux cas 3D a été réalisée grâce à
l'introduction des formulations eulériennes vitesse tourbillon et vitesse pression dans le
domaine différences finies (thèse de H. Z. Lu, 1996). Cependant l'utilisation en 3D de la
méthode particulaire reste délicate et nécessite d'être optimisée.
Concernant les méthodes de décomposition en sous domaines dédiées aux
calculateurs parallèles, une méthode des joints, couplée avec la méthode de
projection résolvant les équations de Navier-Stokes de fluide incompressible est
proposée et analysée. Les principaux résultats sont donnés dans la thèse de A.
Ben Abdallah, soutenue en 1998.
THÈME 2 : ÉCOULEMENTS EXTERNES INSTATIONNAIRES
Ta Phuoc Loc,
A. Dulieu,
S. Pellerin,
C. Tenaud, F. Bertagnolio, R. Lardat
Dans le domaine des écoulements externes les travaux du LIMSI s'orientent principalement
vers des études en régime transitoire ou instationnaire. On s'intéresse tout
particulièrement aux phénomènes de décollement, aux mécanismes de naissance,
de développement et de transport des tourbillons, ainsi qu'aux processus de passage de
régime stable-instable ou laminaire-turbulent.
Le LIMSI dispose de plusieurs méthodes originales de simulation numérique directe
capable de traiter n'importe quel écoulement cisaillé à des nombres de Reynolds
élevés (>104). Un exemple d'utilisation de la méthode Vortex-In-Cell appliquée
à l'étude de l'interaction couche limite - tourbillon est donné dans ce rapport (S.
Pellerin). Cependant il faut utiliser suffisamment de points de discrétisation pour
représenter toutes les structures. Aux grands nombres de Reynolds et en 3D la simulation directe
n'est plus possible car le nombre de points de discrétisation devient rapidement prohibitif. Une
alternative intéressante est donc la simulation des grosses structures avec une modélisation
des petites structures. C'est cette orientation qu'a choisie le LIMSI qui a engagé ces
dernières années des recherches de nouveaux modèles mieux adaptés aux
écoulements cisaillés de paroi, décollés ou non.
Actuellement nos efforts portent essentiellement sur trois études :
Selon le nombre de Reynolds considéré, les techniques de simulation directe ou des
grosses structures sont adoptées. Dans ces travaux une attention particulière est donnée
aux comparaisons calcul-expérience.
Concernant l'influence des effets 3D, le cas de l'écoulement autour d'un cylindre à
section circulaire a été considéré et étudié à des nombres de Reynolds
allant de 100 à 50000. On a montré que les calculs 2D peuvent surévaluer jusqu'à
100% les coefficients aérodynamiques, les valeurs crête-crête et les quantités
moyennes, que les résultats des simulations 3D sont plus proches des mesures
expérimentales (<10%). Ces mêmes observations s'appliquent aussi au cas de
l'écoulement décollé autour d'une aile à Re=200000 à forte incidence
(thèse de R. Lardat, 1997). Cependant on peut se poser la question de savoir si ces
constatations restent valables en écoulement non décollé. C'est l'objet des travaux en
cours.
Dans les écoulements 3D, les tourbillons en fer à cheval jouent un grand rôle dans les
problèmes de stabilité. C'est un phénomène complexe. La prédiction et la
compréhension de ces derniers sont des étapes de base nécessaires dans la recherche
des moyens de manipulation et de contrôle des écoulements. L'outil numérique est
bien adapté pour remplir cette tâche. L'étude de l'influence de ces tourbillons sur les
structures des écoulements et sur les efforts aérodynamiques fait partie des actuels travaux
de recherche.
Les écoulements cisaillés libres ont été souvent étudiés en régime de
développement temporel. Nos études dans ce domaine sont orientées
plutôt vers le régime de développement spatial afin de se rapprocher des conditions
réelles. Les cas de la couche de mélange et du jet en rotation
ont été analysés et comparés aux résultats expérimentaux du CEAT de
Poitires. Les buts recherchés sont la validation des modèles de sous maille et la recherche
des moyens de contrôle de l'écoulement.
THÈME 3 : ÉCOULEMENTS INSTATIONNAIRES
COMPRESSIBLES
C, Tenaud,
L. Coquart,
L. Doris,
L. Ta Phuoc
Pour étudier les écoulements compressibles instationnaires, plusieurs outils
numériques, construits avec des schémas implicites ou explicites, en maillage curviligne, et
capables de résoudre les équations de Navier Stokes d'un fluide compressible en
régime subsonique, supersonique et hypersonique, et à nombres de Reynolds
modérés ont été mis au point.
Par ailleurs pour aborder les écoulements instationnaires turbulents à grands nombres de
Reynolds sans faire appel à des moyens informatiques prohibitifs, la voie de la simulation des
grosses structures et de la modélisation sous maille a été adoptée car elle nous
semble la plus adaptée.
S'il existe un nombre croissant de simulations des grosses structures en fluide incompressible,
celles concernant les fluides compressibles sont plutôt rares et nous avons donc décidé
de porter nos efforts dans ce domaine. En suivant les mêmes démarches qu'en
incompressible, les modèles existants sont d'abord analysés. Afin d'éviter les effets de
paroi, on va considérer comme cas d'étude le développement spatial d'une couche de
mélange pour laquelle le CEAT de Poitiers dispose de plusieurs bases de données assez
complètes. Dans le but de quantifier l'influence de la compressibilité, le cas d'une couche
de mélange d'un fluide incompressible est d'abord étudié. Les résultats ainsi
obtenus ont été comparés avec succès aux mesures expérimentales fournies par
le CEAT de Poitiers. Concernant le cas de fluide compressible les premiers résultats ont
été comparés avec un assez bon accord aux mesures du CEAT. Des améliorations
ont été introduites aux modèles et schémas numériques utilisés. Nous
poursuivrons cette recherche dans le cadre des travaux sur le contrôle actif des
écoulements (C. Tenaud, L. Doris).
Lorsqu'on utilise un schéma de capture de choc pour simuler un écoulement, on introduit
une dissipation numérique. Jusqu'à ce jour les effets de la viscosité de sous maille sur
ces schémas numériques n'ont pas été étudiés, alors que c'est une question
fondamentale : quel est l'ordre de grandeur de la viscosité de sous maille par rapport à la
viscosité numérique. Dans le but d'analyser le comportement des schémas de capture
de chocs (TVD, MUSCLE, ENO...), en présence de chocs, d'abord sans modèle de sous
maille, une simulation directe à nombre de Reynolds modérés, de l'interaction choc-
couche limite a été effectuée en concertation avec d'autres laboratoires
(SINUMEF/ENSAM, DSNA/ONERA). Les résultats obtenus ont montré l'importance
croissante de la viscosité numérique des divers schémas utilisés, à mesure que
le nombre de Reynolds augmente. La prochaine étape correspondra donc à l'étude du
même phénomène mais avec l'introduction d'un modèle de sous maille pour
pouvoir traiter les grands nombres de Reynolds (C. Tenaud, L. Coquart).
THÈME 4 : TURBOMACHINES ET HÉLICES
R. Viney,
V. Liu,
T.S. Luu, X. Vasseur
Les recherches menées sur ce thème sont en général à finalités plus
appliquées. Elles répondent aux besoins souhaités depuis longtemps par le milieu
industriel. Les principales études portent en effet sur la conception (problème inverse) des
organes des turbomachines ou des pales des hélices et sur l'analyse de l'influence des effets
visqueux et instationnaires ou transitoires dans le fonctionnement de ces machines
(problème direct).
En effet, afin d'améliorer l'analyse du fonctionnement des turbomachines (problème
direct), à la demande du CNES, une recherche sur l'élaboration d'une méthode
numérique de détermination de l'écoulement visqueux incompressible dans un
étage de turbomachine par résolution des équations de Navier Stokes instationnaires
tridimensionnelles a été engagée récemment. La formulation vitesse tourbillon a
été adoptée pour pouvoir prendre en considération d'une façon directe la
dynamique des tourbillons qui sont à l'origine des pertes. Une nouvelle méthode originale
résolvant directement le problème de Cauchy Riemann a été proposée ( F. Bertagnolio,
O. Daube ). L'étude des cas 2D et 3D a montré la validité de la démarche
adoptée. Les difficultés rencontrées, liées aux problèmes de maillage, des
points singuliers et du milieu multiplement connexe ont été résolues. L'application de
cette méthode aux cas réalistes 3D est en cours dans le cadre d'une bourse Post-doc du
CNES (X. Vasseur).
L'approche S1-S2, développée pour les turbomachines à fluide incompressible, peut
être aussi étendue à la conception des éléments constituant une hélice
marine (V. Liu , T.S. Luu, B. Viney). C'est un moyen simple et efficace pour tenir compte du
profil de vitesse non uniforme en amont et de son influence sur le sillage aval de l'hélice, tout
en restant dans la théorie des fluides parfaits. Cette méthode originale a permis
d'améliorer et d'affiner le dessin de l'hélice. Cette recherche se poursuit et la méthode
proposée s'applique maintenant au cas d'une hélice carénée, dans le cadre de la
thèse DGA/DCN de V. Liu.
L'hypothèse adoptée dans l'approche S1-S2 est l'hypothèse axisymétrique. Cette hypothèse permet de décomposer la résolution du problème réel 3D en la résolution de deux problèmes 2D. Son extension en 3D n'est pas possible. Ainsi, dans le cadre d'un contrat CNES, d'autres approches vraiment 3D peuvent être envisagées et font l'objet des travaux en cours.
THÈME 5 : EXPÉRIMENTATION ET VÉLOCIMÉTRIE PAR IMAGES DE
PARTICULES
P. Gougat,
A. Elcafsi,
A. Rambert,
J. Pakleza
Une nouvelle opération de recherche sur la vélocimétrie par images
de particules (VIP) a permis de mettre en oeuvre à la fois les compétences en mécanique des fluides
expérimentale du département Mécanique Energétique
(P. Gougat et A. Rambert)
et en traitement d'image du département Communication Homme Machine (G. Quénot).
L'outil mis au point par G. Quénot a permis en effet d'améliorer la précision des
traitements des images d'écoulements, en comparaison aux méthodes classiques
d'intercorrélation. La vélocimétrie par images de particules est une des techniques
d'avenir pour analyser qualitativement et quantitativement les écoulements instationnaires.
Si elle s'applique couramment en 2D, l'extension en 3D reste encore difficile et d'actualité .
C'est dans cette direction que nous porterons nos efforts dans le futur. L'application de cette
technique au cas de l'interaction d'une couche limite avec une encoche est illustrée dans ce
rapport (A. Rambert, A. Elcafsi, A. Choisier, P. Gougat),
montrant ses grandes possibilités.
Grâce à l'expérience acquise par l'équipe dans le domaine de l'anénométrie par fil chaud et par laser à effet Doppler, une collaboration a été établie avec l'Unité de Bioclimatologie de l'INRA Grignon dans le cadre de la thèse d'A. Rambert. L'objectif a été de proposer un modèle du processus de resuspension des particules biotiques et de le valider par des mesures expérimentales. Une nouvelle technique expérimentale de mesure de concentration de particules est mise au point et un modèle numérique est proposé. Quelques résultats sont présentés dans ce rapport (A. Rambert, S. Pellerin, P. Gougat, L. Huber).
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