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O. Daube, P. Le Quéré, N. Cousin-Rittemard, R. Jacques
Objet
Nous nous intéressons depuis plusieurs années à
l'apparition des premières instabilités et à la transition
au chaos des écoulements se produisant
dans une cavité fermée constituée d'un disque fixe et d'un disque
tournant. Nous avons eu l'occasion
de faire état lors des rapports scientifiques antérieurs des difficultés
que nous avons rencontrées pour déterminer avec précision une valeur
critique du nombre de Reynolds correspondant à la perte de stabilité
des solutions stationnaires. Pour résumer brièvement, disons qu'il nous a
été impossible d'obtenir, sauf dans des cavités de
rapport de forme radial très petit (de l'ordre de 2),
des solutions périodiques au voisinage du déclenchement
des premières instabilités. Dans le but d'examiner l'éventuelle
influence des effets de courbure,
nous avions alors considéré une cavité
torique de rapport de forme fixe, dont nous avions fait varier le
rapport des rayons
de 1 (cavité presque cartésienne) vers 0 (cavité
comprenant l'axe de rotation). Nous avions alors remarqué une
pathologie croissante lors de l'apparition de la première instabilité.
Ces observations avaient été faites par des simulations
des équations de Navier-Stokes instationnaires,
et cette méthodologie s'était avérée clairement
insuffisante pour comprendre l'origine des difficultés rencontrées.
Le récent développement de nouveaux outils
nous a permis de progresser notablement dans la compréhension des
observations faites.
Description
A l'aide de la méthode proposée par L. Tuckerman en 1992, nous avons adapté un code temporel classique en formulation fonction de courant tourbillon pour calculer directement les états stationnaires, qu'ils soient stables ou instables. Nous avons également adapté ce code pour effectuer l'intégration des équations sous forme perturbative en décomposant la solution sous la forme solution de base plus une fluctuation. Ceci permet alors d'observer l'évolution des perturbations, soit linéarisée soit non-linéaire. La forme linéarisée correspond au Jacobien de l'opérateur d'évolution et nous avons utilisé la bibliothèque ARPACK pour calculer les modes dominants du spectre de ce Jacobien et caractériser ainsi la stabilité linéaire de la solution.
Résultats et perspectives
Nous donnons ici un exemple de l'analyse qu'il a été possible
de conduire. Pour un rapport des rayons
,
le calcul
des valeurs propres du jacobien montre que l'écoulement devient
linéairement instable pour 1100<Re<1200 (figure 1).
Notons que les calculs non linéaires antérieurs avaient révélé
une évolution quasi-périodique pour Re
1000.
Pour tenter d'expliquer cette apparente contradiction,
nous avons effectué
les expériences numériques suivantes. Nous avons tout d'abord confirmé
que les solutions de base pour Re=1100 et 1200 sont respectivement linéairement
stables et instables (figure 2). On notera toutefois
que l'évolution asymptotique n'est atteinte qu'après un temps long
(environ 40 tours)
et que, dans les premiers instants, on observe une forte
augmentation de la norme L2 des perturbations
(même dans le cas stable), ce qui s'explique par le
fait que le Jacobien correspondant est fortement non-normal.
Pour Re= 1200, à partir de l'état final
obtenu par intégration des équations linéarisées,
nous avons ensuite
effectué un calcul non linéaire, qui met en évidence une
évolution asymptotique chaotique (figure 3).
Nous avons
ensuite effectué un autre calcul non linéaire en prenant comme
état initial un état
correspondant à l'état
dont l'amplitude a été divisée par 10, ce qui nous a
permis d'obtenir une solution monopériodique
(figure 3). On peut donc conclure qu'il existe effectivement une
bifurcation supercritique aux alentours de Re=1150, mais qu'en même
temps coexiste une branche à amplitude finie, chaotique,
sur laquelle toute
solution est attirée pour peu que le niveau initial de perturbations soit
supérieur à un certain seuil, ici faible, en raison de la forte non-normalité
du jacobien. Ceci explique
probablement le fait que nous n'ayons jamais pu atteindre la solution
monopériodique par un calcul nonlinéaire classique dans lequel on
procède par incréments finis du nombre de Reynolds, ce qui
correspond à des perturbations dépassant ce seuil.
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