La polysémie lexicale : 2. modélisation informatique

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K.Chibout

Figure

Objet

Notre étude, co-dirigée par Gérard Sabah et Anne Vilnat, porte sur la représentation des connaissances lexicales en vue de l'interprétation sémantique de phrases et de textes. Nous avons construit un réseau lexico-sémantique de verbes, de nature hiérarchique et qui est partiellement réalisé à partir d'un dictionnaire terminologique. Nous nous sommes intéressés plus spécifiquement à la résolution des incohérences sémantiques liées à la polysémie des verbes.

Description

Les descriptions sémantiques des verbes proposées par les dictionnaires ont généralement la structure HYPERONYME + TRAITS SPÉCIFIQUES. En nous appuyant sur cette structure, nous avons constitué un réseau sémantique de verbes. De proche en proche (i.e d'hyperonyme en hyperonyme), nous avons ainsi déterminé une quinzaine de primitives sémantiques ; elles correspondent le plus souvent à des verbes d'état : Contenant (ex : contenir), Expérienceur (ex : connaître)... Au plus haut de la hiérarchie, les verbes de processus et les verbes d'action dérivent de ces primitives d'états. Les procès ont la forme Devenir/Cesser + primitive : - Devenir Contenant (se remplir, manger, boire), Devenir Expérienceur (apprendre)

- Cesser Contenant (se vider), Cesser Expérienceur (oublier)

Les actions ont une structure de type Faire Devenir/Faire Cesser + primitive:

- Faire Devenir Contenant (remplir, abreuver), Faire DevenirExpérienceur (faire apprendre, enseigner)

- Faire Cesser Contenant (vider), Faire Cesser Expérienceur(faire oublier)

Nous avons choisi le formalisme des graphes conceptuels pour la mise en oeuvre de ce réseau (figure 1). Chaque type de concept possède un graphe canonique et un graphe de définition (figure 2). La résolution de la polysémie passe par l'extraction d'un élément de la définition (sous-graphe). Par exemple nourir le feu avec des branchages se résout par la sélection de entretenir en lieu et place du verbe métaphorique (figure 2).

D'autres significations relèvent de métaphores conceptuelles [1]. Ainsi abreuver quelqu'un de connaissances s'interprète à partir de la métaphore L'ESPRIT EST UN CONTENANT. L'intérêt des métaphores conceptuelles réside dans leur généralité : elles s'appliquent à toute une classe de verbes. Ainsi, gaver de connaissances, se nourrir de lectures, dévorer un livre seront interprétés en utilisant la même métaphore. Les primitives sémantiques jouent un rôle fondamental pour le traitement de ce type de sens. Ainsi toutes les acceptions métaphoriques qui, commeAbreuver quelqu'un de connaissances, dévorer un livre... relèvent de l'analogie L'ESPRIT EST UN CONTENANT et pourront s'interpréter à partir de la substitution de la primitive Contenant par Expérienceur (figure 3). À partir du verbe métaphorique, on remonte jusqu'à sa classe sémantique porteuse de la primitive. On applique ensuite la règle de substitution (Contenant -> Expérienceur) et on redescend via cette classe sémantique jusqu'au concept pertinent par rapport au contexte (FaireApprendre pour Abreuver et Lire pour Dévorer).

Résultats et perspectives

L'analyse systématique de plus de 1000 verbes a été effectuée. Nous souhaiterions vérifier automatiquement la cohérence des représentations élaborées <<à la main>>. La validité psychologique des représentations (en particulier des définitions) et des processus de traitement est actuellement testée par le biais de l'expérimentation (expériences de psycholinguistique)

Référence

[1] Lakoff G. & Johnson M.: <<Les métaphores dans la vie quotidienne>>. Collection <<Propositions>>, les éditions de Minuit. 1985

Gpe Langage et Cognition

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