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Le LIMSI a continué d'oeuvrer en 1995 dans la volonté qu'il a, et dans la mission qui lui a été confiée d'être
un important laboratoire interdisciplinaire des Sciences pour l'Ingénieur.
Vivre l'interdisciplinarité
Le LIMSI, laboratoire propre du CNRS situé sur le campus du Centre d'Orsay de l'Université Paris XI, a pratiqué depuis plusieurs années l'interdisciplinarité, souvent mise en avant comme la richesse du CNRS que se doivent de cultiver et de promouvoir ses laboratoires propres. Pluridisciplinarité dans la coexistence des deux départements qui le composent: "Mécanique-Energétique" et "Communication homme-machine". Mais également transdisciplinarité à l'intérieur de ces départements. Avec les relations entre les méthodes de simulation numérique et les approches expérimentales en Mécanique-Energétique, où collaborent la Mécanique des Fluides Numérique et le Génie des Procédés, sans négliger la Physico-Chimie. Avec la volonté en Communication Homme-Machine de faire travailler ensemble, sur des projets communs, des informaticiens et des spécialistes du Traitement du Signal et de l'Information, des linguistes, des psycholinguistes et des psychologues cognitifs, mais également un spécialiste des questions socio-économiques liées à l'innovation. Ainsi, le LIMSI, tout en étant rattaché au Département des Sciences pour l'Ingénieur, a également des relations étroites avec les Sciences de l'Homme et de la Société (SHS) et les Sciences de la Vie (SdV). Il est évalué par 4 sections du Comité National de la Recherche Scientifique: la section 07 (Sciences et Technologies de l'Information), la section 10 (Energie, Mécanique des milieux fluides et réactifs, Génie des Procédés), la section 34 (Représentations, Langages, Communication), et, depuis 1993, la section 29 (Fonctions mentales, neurosciences intégratives, comportements).
Le LIMSI et le schéma stratégique du CNRS: "Production et Communication au service de l'Homme"
Le LIMSI se reconnaît dans plusieurs des thèmes prioritaires retenus dans le schéma stratégique du CNRS. Sur les problèmes d'optimisation en Génie des Procédés (avec une prise en compte des propriétés physico-chimiques). Sur le thème de la Communication au service de l'Homme, avec les aspects de Sciences Cognitives et d'Ingénierie des Langues. Enfin, sur le thème des grands défis de la société, avec les recherches en matière de procédés propres. De fait, il se situe dans le cadre général de l'étude et de la réalisation de Systèmes de Production et de Communication au service de l'Homme, les recherches faites au laboratoire débouchant très souvent vers des systèmes qui vont aider l'homme dans ses rapports avec son environnement, qu'il s'agisse de faire des procédés de réfrigération moins polluants, ou de lui permettre de mieux converser avec la machine, et donc de mieux se faire aider par elle. C'est dans cette direction qu'oeuvre le laboratoire, et qu'est axé son projet scientifique.
Un laboratoire propre des Sciences pour l'Ingénieur...
C'est donc un creuset où l'on expérimente cette interdisciplinarité mise en avant par le CNRS comme une priorité, et une spécificité de l'organisme. Mais elle se pratique dans le souci constant de pouvoir appliquer les connaissances acquises et les modèles développés, et cela conserve très vivant l'esprit du laboratoire d'aller vers la confrontation des modèles à la réalité physique, et de valoriser ses résultats, esprit propre à l'art de l'Ingénieur. Le LIMSI reste ainsi fidèle à sa vocation, affirmée depuis ses origines, d'oeuvrer sur la modélisation de phénomènes très divers du monde réel, allant des écoulements aérodynamiques au signal de parole, et sur la validation de ces modèles dans la réalité des applications. Il entend, sur ces thèmes de recherche, être un important laboratoire dans le contexte international, et, pour cela, il est nécessaire qu'il regroupe les différentes composantes nécessaires, avec une taille et des moyens suffisants pour poursuivre, au meilleur niveau, une recherche d'excellence au sein d'une forte compétition internationale.
Laboratoire des Sciences pour l'Ingénieur, nous avons été bien sûr très fiers et très touchés qu'en Novembre 1995, en point d'orgue des manifestations qui se sont tenues à l'occasion des 20 ans du SPI, une des Salles du Comité National de la Recherche Scientifique soit baptisée "Salle Lucien Malavard", du nom du fondateur du Limsi, qui a insufflé l'esprit du laboratoire tout comme il a été un concepteur et un pionnier des "Sciences de l'Ingénieur".
Le LIMSI s'inscrit très bien dans le schéma stratégique actuel du SPI. Il se place très directement dans l'axe prioritaire "Machines et structures intelligentes", et a reçu la mission de développer une plate-forme de communication homme-machine multimodale (parole, vision, geste), au sein de cet axe. Cette opération est conduite sous la forme d'une Action sur Programme interne, qui vient compléter le dispositif des Actions Incitatives menées avec succès au laboratoire depuis plusieurs années et elle s'accompagne de la mise en place d'un réseau de compétences et de liens industriels. Ce projet inclut une réflexion sur la redéfinition des logiques de gestion, car il semble nécessaire et important de considérer les implications sociales et économiques des recherches, au moment même où on les poursuit et où la réglementation ainsi que la demande sociale ne sont pas encore figées. Le laboratoire entre également tout naturellement dans d'autres axes, comme "Phénomènes couplés et conditions extrêmes" et "Systèmes énergétiques et procédés propres".
...qui travaille aussi avec SHS et SdV...
Dans le cadre des actions communes lancées conjointement par SPI et SHS, le laboratoire est très impliqué dans l'action "Cognition, communication intelligente et ingénierie des langues", puisque ce programme est placé sous la responsabilité conjointe de R. Martin, directeur de l'Inalf, et de J. Mariani. Dans ce cadre, une action sur l'étude des relations "Image, Geste et Langage" a été initialisée, en conjonction avec le projet de Plate-Forme multimodale. Par ailleurs, une action sur l'évaluation des analyseurs morpho-syntaxiques a été lancée, qui fait participer un grand nombre de laboratoires (GRACE). Le Limsi intervient aussi au sein du programme "Systèmes de Production", avec un projet de CAO également lié à la mise en place de la Plate-Forme.
Nous avons eu une forte participation au programme interdisciplinaire (PIR) "Cognisciences", dans lequel nous avons animé le réseau régional Paris-Sud, et avons créé l'équipe "Cognition Humaine" sous la forme d'une ATIPE soutenue pendant 3 ans par le PIR. Cette intégration a fait récemment l'objet d'un bilan, qui apparaît comme très positif. Nous sommes également présents dans le nouveau GIS "Sciences de la Cognition", puisque G. Vignaux est l'un des directeurs-adjoints de ce GIS.
Cette dynamique se place dans le contexte du centre universitaire d'Orsay, où ses associations avec les Universités Paris VI et Paris XI font participer le laboratoire de manière active à l'enseignement et lui permettent de puiser dans un vivier d'étudiants du meilleur niveau, et où il peut collaborer avec des laboratoires travaillant sur des thèmes proches (IEF, IOTA, LRI, FAST, LEMFI, ASCI...) par l'intermédiaire de structures qu'il convient de garder souples (tels le Pôle Paris-Sud Informatique (PPSI) ou l'Institut des Sciences Cognitives et de la Communication (ISCC), dirigé par G. Sabah). Le laboratoire a commencé à établir des contacts avec l'université, et, en particulier avec Paris XI, à partir de 1985. Cette politique l'a conduit à participer aux instances de l'université, dans le cadre du département de Physique comme dans celui d'Informatique, puis de Biologie. Il a favorisé la création de deux DEA abrités au LIMSI ("Sciences Cognitives" et "Dynamique des Fluides et des Transferts"). En 1993, la création de deux formations de deuxième cycle a été proposée par des enseignants du Limsi ("Physique et Mécanique des Milieux Continus" et "Sciences Cognitives") permettant d'assurer une filière cohérente avec les DEA existants et un recrutement de qualité. La première a été mise en place en 1994 (et rebaptisée "Mécanique"). Un DESS "Ergonomie, conception et sûreté du produit" a également été lancé à Paris XI par le Pr J.P. Rossi en 1994. Le laboratoire a participé aux Commissions de Spécialistes et a progressivement augmenté le nombre d'enseignants-chercheurs, dans le cadre d'un accroissement raisonné de ses effectifs. Par ailleurs, après plusieurs tentatives infructueuses, le laboratoire a obtenu un soutien dans le cadre du plan quadriennal 1992-1995 du MESR.
L'intégration du Laboratoire de Thermodynamique des Fluides (LTF) en Décembre 1995 a permis de renforcer les liens avec l'Université Paris VI, puisque le LTF dépend de cette université. Cela a fait l'objet de la signature d'un avenant à la convention qui nous lie à Paris VI depuis 1980. Le laboratoire intervient principalement au sein de l'UFR de Mécanique-Energétique de Paris VI. Nous avons d'autre part demandé à l'Université Paris XI d'affecter le bâtiment 507, tout proche et libéré par l'Ecole Supérieure de Techniques Aéronautiques (ESTA), aux enseignements placés sous la responsabilité d'enseignants-chercheurs du Limsi. Nous avons obtenu sur ce projet le soutien des départements d'Informatique et de Physique de l'Université, et espérons que cette affectation sera effectuée.
Malgré quelques nuages récents.
Les nouveaux textes fixant la composition des Commissions de Spécialistes, ont réduit notre participation à ces instances, puisque les professeurs sont tous membres de droit, et que notre statut de "laboratoire propre s'étant récemment ouvert à l'université" fait que nous en avons peu (7), et qu'ils sont de plus dans des universités différentes, ou dans des départements différents pour une même université. Cela fait que, même s'il semble que nous soyons à présent le plus important laboratoire propre du CNRS sur le campus d'Orsay, nous soyons parfois d'une taille sous-critique dans les instances "disciplinaires" où nous intervenons.
Par ailleurs, il semble que dans le cadre des contractualisations des universités, les laboratoires propres aient vu disparaître leur soutien au titre des plans quadriennaux. Le contrat de l'Université Paris XI devant être reconduit pour deux ans, cela ramènera donc ce grave problème de financement à l'horizon 1998.
Avoir la taille suffisante pour affronter une forte compétition scientifique internationale
Notre volonté de développement, qui est le reflet d'une politique scientifique définie, implique un accroissement de nos effectifs de 50 personnes environ sur 5 ans, ce qui nécessiterait une extension de nos locaux actuels de 30% environ (1000 m2). Un projet d'agrandissement a été soumis au CNRS dès 1990 et a été accueilli favorablement. Il semble cependant difficile de convaincre l'Etat de construire pour le CNRS des surfaces nouvelles en Ile-de-France. Cela remet donc en question cette politique de développement. L'intégration du LTF, qui permet d'étendre la superficie du laboratoire d'environ 500 m2, est une solution d'attente, qui permet de subvenir aux besoins de place les plus urgents.
Les effectifs totaux du laboratoire (nombre de personnes accueillies pendant l'année) ont atteint 297 personnes en 1995 (contre 200 en 1991), le nombre de permanents passant dans cette même période de 73 à 106 personnes, suite, en particulier, à l'arrivée de l'équipe "Cognition Humaine" et à l'intégration du laboratoire LTF, qui a augmenté l'effectif total de 10 personnes environ (dont 6 permanents). Le taux d'accroissement des deux départements est comparable. Les effectifs chercheurs CNRS sont passés dans cette même période de 28 à 34. On notera en 1995 le retour de G. Quénot, CR1, au terme de sa mise à disposition pour création d'entreprise, le départ à la retraite de T.S. Luu, DR1, et le rattachement, à temps partiel, de J.P. Hochart, DR2, Directeur-Adjoint de la DSPT4 à la MST. Un chercheur CR1 a été recruté au CNRS dans la campagne 1995 (G.M. Zhong).
Une augmentation des effectifs jusqu'à atteindre l'équilibre
On voit se confirmer l'accroissement du nombre d'enseignants-chercheurs (qui est passé de 2 en 1980 à 25 en 1992 et 35 à présent), du fait de notre politique de relations universitaires. Outre les membres du LTF, nous avons accueilli trois Maîtres de Conférences en 1995 (C. Weisman en Mécanique, L. Devillers et B. Doval en CHM). Nous avons atteint l'objectif que nous avions fixé d'un équilibre, qui nous semble bon pour un laboratoire propre du CNRS, de 20% de chercheurs, 20% d'enseignants-chercheurs, 20% d'ITA et IATOS, et 40% de doctorants, même si cet équilibre est global pour le laboratoire mais ne se retrouve pas dans chacun des groupes. Cela implique donc que notre politique future en matière de personnel se fasse avec conservation de cet équilibre. Le poste laissé vacant par un départ à la retraite en 1994 (F. Beaufumé) a été réaffecté et pourvu en 1996, tout comme le poste de D. Giraud-Carrier, secrétaire général, sur lequel a été recrutée J. Raguideau. Par contre, le poste de J. Delage n'a pas été réaffecté pour l'instant (demande d'un poste d'AI en mesures physiques pour 1996).
Deux ITA sont venus nous rejoindre, venant du Laboratoire d'Aérodynamique de Meudon: l'une, C. Boussat, au sein de l'équipe AMIC, ce qui couvre notre demande de personnel supplémentaire pour gérer un parc de machines reliées par réseau qui est passé de 40 machines en 1990 à 250 machines, alors que le nombre des membres de l'équipe est resté constant; l'autre, D. Bisch, à mi-temps au sein du groupe "Energétique".
Nous avons besoin de façon cruciale d'une secrétaire pour venir aider les 3 secrétaires actuelles, qui gèrent un laboratoire qui est passé de 80 personnes en 1980 à 297 personnes actuellement, sans que le nombre de secrétaires ait changé. Les recrutements de 7 personnes sur des contrats emploi-solidarité (CES) nous aident beaucoup dans certains cas (en particulier pour les tâches liées à l'infrastructure du bâtiment et pour l'aide aux tâches de secrétariat et de gestion du parc informatique). Nous avons ainsi accueilli 21 CES depuis 1992. Cette expérience se révèle globalement très positive, puisque trois CES que nous avions accueillis au laboratoire, et dont nous avions complété la formation, ont obtenu par la suite un poste au CNRS. Le budget relatif aux emplois sous contrats à durée déterminée (CES, CDD, Vacataires) pour des tâches d'intérêt général est cependant très élevé (270 KF en 1995) et doit être corrigé à la baisse dans le futur.
Mais des problèmes d'emploi à l'horizon
On peut donc noter une bonne dynamique de l'accroissement de nos effectifs. Elle se double plus récemment d'un essaimage des personnels formés ou en poste vers d'autres laboratoires. D'autre part, il est demandé que les enseignants-chercheurs affectés au laboratoire y aient leur activité de recherche, ce qui a entraîné un départ en 1995. On voit cependant poindre des problèmes potentiels liés au départ en retraite des personnels ITA. En effet, le laboratoire a recruté beaucoup de personnels ITA lors de son arrivée à Orsay, au début des années 70, ce qui est marqué par une pyramide des âges déséquilibrée pour cette catégorie de personnels, les chercheurs et enseignant-chercheurs étant beaucoup mieux répartis dans le temps. L'attention du Conseil Scientifique avait été attirée sur ce point dès 1989. Environ un tiers des effectifs ITA (12 personnes) devrait faire valoir ses droits à la retraite dans les 4 années à venir, ce qui posera un problème aigu en cas de non-remplacement de ces départs, dans le contexte actuellement très préoccupant de l'emploi au CNRS.
Un budget qui était à la reprise...
Le budget consolidé 1995 est encore en augmentation (passant de 33,7 MF en 1991 à 45,7 MF). Les crédits hors salaires des permanents sont égaux à ceux de 1994 (environ 11 MF), si l'on enlève les subventions d'état gelées par le CNRS début 1995 puis annulées début 1996, et les remontées d'AP 1995 opérées début 1996. Ces budgets hors-salaires 1994 et 1995 sont en augmentation, après deux années où ils avaient diminué. Avec un total de 12,5 MF avant annulation de crédits, le budget 1994 était même supérieur au record absolu de 1991 (12 MF). Cette progression est due au démarrage de nouveaux contrats européens, et à la reprise des contrats industriels ou d'agences publiques.
...mais qui a subi les deux chocs budgétaires.
Les mesures de gel des budgets CNRS (40% de blocage des crédits 1994 puis gel des reports début 1995 et annulation début 1996), et de remontées d'AP début 1996, sur un budget de soutien de base et d'infrastructure déjà en diminution par rapport à 1992 et 1993, ont perturbé la bonne marche du laboratoire. L'effet de cette diminution est amplifié sur le soutien à la recherche, puisque le pourcentage de diminution est appliqué à l'ensemble du budget, alors que beaucoup de dépenses d'infrastructure sont incompressibles, ou, comme les frais de campus, sont même en augmentation. Le soutien de base CNRS à la recherche est ainsi passé de 1381 KF en 1993 à 980 KF en 1996, soit une diminution d'environ 33% en Francs constants. Ces diminutions interviennent alors même que nous avons plusieurs actions d'envergure en chantier: intégration de l'équipe Cognition Humaine, intégration du LTF, mise en place d'un réseau informatique à haut débit, projet de plate-forme multimodale.
Le budget gelé fin 1994 et finalement annulé début 1996 s'élève à environ 2 MF, constitué en majeure partie de budgets affectés fin Décembre 1994 et fin Décembre 1995 et immédiatement gelés, ou de crédits de programmes gérés par des chercheurs du laboratoire (programme SPI-SHS CCIIL, programme Cognisciences incluant l'ATIPE pour l'équipe "Cognition Humaine"). Ces annulations ont rendu impossibles plusieurs achats d'équipements prévus (machine de réalité virtuelle, caméras), ont ralenti ou arrêté des programmes en pleine phase de lancement et ne nous engagent pas à lancer de nouvelles opérations.
Les axes scientifiques et les perspectives
Le Département "Mécanique-Energétique" s'est structuré en 1993 en trois groupes: "Dynamique des Fluides", "Dynamique des Transferts" et "Adsorption". Cette structure reflète mieux les actions scientifiques du Département, et se réfère donc plus aux domaines abordés qu'aux méthodes, numériques ou expérimentales, développées pour les aborder. L'intégration du Laboratoire de Thermodynamique des Fluides (LTF) a été initialisée en Octobre 1993. Les membres de ce laboratoire ont rejoint le groupe Adsorption pour créer un nouveau groupe, appelé "Energétique". Ils amènent leurs activités traditionnelles en matière de cryogénie et ont initialisé une nouvelle activité autour de la thermoacoustique. Cette intégration a été expérimentée pratiquement à partir de 1994, et a fait l'objet d'un accord unanime lors du Conseil Scientifique 1994 du Limsi, puis d'un avis positif du Comité National, à la session d'Automne 1994 et de la signature d'un avenant à notre convention avec Paris VI en Décembre 1995. Aucun soutien complémentaire du CNRS n'est malheureusement venu aider cette intégration pour 1996, et UP6 a annoncé pour cette année un soutien financier qui se limite à 80 KF (le montant des travaux de rénovation du bâtiment étant estimé à 2 MF...).
L'équipe "Cognition Humaine", qui a rejoint le laboratoire en Janvier 1992, est à présent pleinement intégrée et coopère avec chacun des trois autres groupes du Département "Communication Homme-Machine". Elle apporte l'analyse des capacités et des mécanismes cognitifs humains, pour en faire bénéficier les travaux sur la conception de machines douées de ces mêmes capacités et qui ont à dialoguer avec les humains. Elle a été soutenue pendant 4 ans par une ATIPE du PIR Cognisciences (réduite à 3 ans du fait de l'arrêt de ce PIR en 1994), dans la perspective d'un relais assuré par les directions scientifiques concernées, SPI et/ou SdV, au terme de l'ATIPE. Il apparaît qu'une grande partie des budgets obtenus dans le cadre de l'ATIPE ont été gelés début 1995 puis annulés, que le soutien 1995 a été apporté par le GIS "Sciences de la Cognition" du fait de l'arrêt du PIR Cognisciences et que contrairement aux engagements, il n'est pas assuré pour 1996 par les départements scientifiques, sans doute du fait des problèmes budgétaires du CNRS. Fort heureusement, le GIS "Sciences de la Cognition" a pu soutenir le groupe Cognition Humaine pour l'année 1996, mais le problème reste entier pour les années suivantes.
Le département "Communication Homme-Machine" a mené une réflexion en 1993-1994 qui l'a conduit à se restructurer, en recherchant un meilleur équilibre entre les groupes, en recentrant les travaux en traitement du langage parlé, en renforçant les activités ayant trait à la multimodalité et en s'appuyant sur des opérations transversales (Plate-Forme CHMM, séminaires et club de lecture, ressources, outils et moyens d'évaluation). Le nombre de thèmes de recherche a été réduit dans le groupe Langage et Cognition.
Les perspectives actuelles du laboratoire concernent les deux départements:
En "Mécanique-Energétique", l'objectif est de concentrer les efforts sur les thèmes forts des groupes "Dynamique des Fluides" et "Dynamique des Transferts", à savoir les simulations d'écoulements et des transferts en régime turbulent à l'aide de méthodologies de type simulations directes et/ou simulations des grandes structures, ainsi que sur les études des instabilités de certaines classes d'écoulement rencontrés dans les procédés d'élaboration de matériaux, dans les turbomachines ou dans des problème de thermo-aéraulique ou encore sur le développement de méthodologies permettant la détermination quantitative des échanges couplés. Un certain nombre d'ouvertures ou d'extensions sont envisagées du côté de la simulation d'écoulements de fluides au voisinage de leur point critique avec thermodynamique complexe, pour des études de procédés pour la réfrigération thermo-acoustique, ainsi que de l'interaction fluide-structure, avec application à la production sonore ou aux systèmes d'injection des moteurs. De même les études d'instabilités pourraient trouver des prolongements du côté des instabilités d'interface liquide-vapeur avec changement de phase avec application à la maîtrise de l'ébullition en film. De son côté, le groupe "Energétique" va évaluer les possibilités et les limites de l'utilisation de la thermoacoustique pour la réfrigération. A côté des études pour la réfrigération, le groupe développe des études nouvelles sur les procédés propres liés à la chaîne des hydrocarbures ou à la capture de solvants. Les compétences expérimentales acquises récemment sur les isothermes de co-adsorption ainsi que sur la mesure des coefficients de diffusion permettent de nourrir des simulations avancées de dynamiques de colonnes d'adsorption. Ceci permet une grande efficacité pour aborder l'étude de procédés liés à la protection de l'environnement. A noter enfin que les études récentes lancées sur les membranes, grâce à une Action Incitative, viendront renforcer les compétences du groupe dans le domaine des procédés propres.
En "Communication Homme-Machine", il convient, à notre sens, de traiter l'ensemble des différents modes de communication, car nous pensons qu'à terme, il sera nécessaire de les traiter tous pour bien traiter l'un d'entre eux. Les travaux allant dans cette direction portent sur la communication multimodale et l'apprentissage multimodal, ainsi que sur le traitement d'informations multimédia (parole et images). La prise en compte du contexte (suivi du mouvement du corps, de la tête, des mains ou des yeux) en situation de communication est un thème de recherche en émergence, en liaison avec le développement de la plate-forme multimodale. Nous nous efforçons actuellement de conforter les activités en Vision et Image. Nous souhaitons par ailleurs développer des activités en perception acoustique et visuelle, et en Intelligence Artificielle (représentation des connaissances et apprentissage) par le biais de coopérations. Nous avons initialisé deux projets (avec l'ENST et le LRI) sur la communication homme-machine via des réseaux à haut débit développés dans le cadre du programme Mirihade. Nous pensons enfin que la mise à disposition d'outils et de ressources partagés et l'utilisation de méthodes et protocoles d'évaluation pour le développement des systèmes sont des facteurs importants dans la poursuite des recherches à finalité technologique. Nous oeuvrons pour mettre en place ces moyens au plan national, francophone et international.
Dans le département "Mécanique-Energétique" des progrès ont été accomplis en 1994-1995 dans la formulation vitesse-tourbillon des équations de Navier-Stokes ainsi que dans l'analyse et la mise en oeuvre des méthodes de projection, en mono-domaine mais également en décomposition de domaines avec des algorithmes autorisant un parallélisme total. Des progrès ont été effectués dans la simulation des écoulements externes décollés par simulations des grosses structures ainsi que dans les simulations d'écoulements interdisques en régime chaotique. Des progrès ont également été accomplis dans la mise au point de techniques permettant le suivi des branches de solutions d'écoulements confinés, ainsi que dans la détermination de leur critères de stabilité ainsi que de leurs modes d'instabilité. Une nouvelle technique de projection-diffusion a été utilisée avec succès pour déterminer la première instabilité d'un écoulement de convection naturelle dans une cavité tri-dimensionnelle à parois adiabatiques. Parallèlement, nous avons pu obtenir quelques résultats fiables concernant l'apparition des premières instationnarités des écoulements inter-disques, problème qui avait échappé jusque là à nos efforts. Des résultats nouveaux ont également été obtenus sur le problème classique des corrections non-linéaires de la loi de Darcy, ainsi que sur la stabilité d'écoulements de convection naturelle dans des cavités partiellement remplies d'un milieu poreux. En adsorption, la nouvelle technique de modulation de volume pour la détermination des coefficients de cinétique de diffusion a confirmé son intérêt et cette technique tend à s'imposer comme la plus fiable. Une étude, engagée récemment sur les phénomènes de co-adsorption a conduit à des résultats surprenants et originaux. Une unité pilote de réfrigération par adsorption a été testée dans le cadre d'un contrat GdF et une étude d'échangeurs à changement de phase est engagée dans le cadre d'un contrat EUREKA.
D'excellents résultats de recherche ont été obtenus, encore cette année, par le groupe Traitement du Langage Parlé dans le cadre du programme américain DARPA "Speech and Language Processing", ouvert depuis 1992 aux laboratoires non-américains (sur la tâche du "Wall Street Journal", à présent NAB: North American Business News, avec un vocabulaire qui est passé de 20.000 à 65.000 mots, en parole continue et multilocuteur), qui le situent au tout premier rang mondial. Ces résultats ont permis de montrer de manière claire l'intérêt d'utiliser des Modèles de Markov continus pour la modélisation acoustique en reconnaissance vocale. Les travaux conduits au sein du projet Esprit MASK sont également à la pointe de l'Etat de l'Art en matière de compréhension de parole en ambiance réelle. A l'occasion de ses 10 ans de présence au Limsi, le groupe "Langage et Cognition" a conduit une profonde réflexion épistémologique sur son domaine de recherche dont on trouvera ici l'expression. Le groupe a consenti de très gros efforts ces dernières années pour mettre en place un puissant environnement informatique de développement en génie linguistique (modularité, réutilisabilité, convivialité, représentation graphique, accès aux outils et aux ressources...). Il devrait cueillir prochainement le fruit de cet investissement important. Les travaux sur l'intégration de modalités du groupe IMM ont conduit à la réalisation de deux systèmes basés sur des approches différentes (ATN et réseaux à propagation guidée). Le premier système a été appliqué au développement d'un terminal informatique pour les non-voyants, qui a obtenu le 2ème prix au concours international SETAA en 1994. Une nouvelle méthode de calcul du flot optique a été développée, à base de programmation dynamique, et a obtenu des résultats de premier plan sur une base de test internationale. Le groupe "Cognition Humaine" a collaboré avec le CEA (Hôpital d'Orsay) dans le cadre particulièrement novateur de l'étude en tomographie par émission de positons des fonctions cognitives liées à la représentation de l'espace.
La demande qui nous avait été faite dans le cadre du précédent conseil scientifique de mener les recherches en matière de communication non-verbale (vision, image, geste) en coopération avec d'autres laboratoires a été entendue. On pourra ainsi noter trois thèses menées au Limsi en commun avec d'autres laboratoires (ETIS, LIFAC et ENST), et des collaborations sur ce thème avec le LRI, l'Ecole des Mines de Nantes, l'Ecole d'Architecture de Marseille-Luminy et le Laboratoire de Physiologie du Mouvement d'Orsay.
Le nombre total de publications a légèrement augmenté cette année, passant de 280 à 289 (contre 255 en 1991, les publications de rang A étant au nombre de 145 contre 136 en 1991). Le nombre de thèses soutenues ces deux dernières années a été de 27 (contre 11 en 1990-1991). Plusieurs ouvrages de référence en psychologie ont été publiés par le groupe Cognition Humaine ces dernières années.
Bien qu'à la demande de la direction du Département SPI, la fréquence des Conseils Scientifiques du laboratoire soit à présent tous les deux ans, nous avons néanmoins conservé la réalisation d'un rapport scientifique annuel, et éditons depuis quatre ans une version anglaise de ce rapport, qui est diffusée au plan international. (1400 exemplaires imprimés, dont 550 exemplaires en Français et 400 exemplaires en anglais diffusés dans 33 pays en 1995). La présentation hypermedia du laboratoire a été réalisée, sur support CDRom pour les 20 ans du SPI, et sur serveur Web. La plaquette réalisée en 1992 à l'occasion des 20 ans du laboratoire doit être mise à jour et rééditée en 1996.
Le budget d'équipement affecté par le SPI en Décembre 1994 et immédiatement gelé, a été partiellement dégelé et a pu être utilisé pour répondre au besoin d'un équipement expérimental en adsorption. Par contre, l'équipement de réalité virtuelle, espéré depuis plusieurs années par le groupe "Communication Non-Verbale", n'a pu être acheté du fait de l'annulation du reliquat de ce crédit d'équipement. Les investissements en équipement informatique dans le contexte du réseau hétérogène du laboratoire se sont poursuivis, et le parc informatique s'est considérablement accru en 1995, avec 61 machines supplémentaires (20 stations, 4 SUN, 23 PC, 10 Mac et 4 terminaux X) pour atteindre 252 machines reliées au réseau. La rénovation du réseau à l'aide d'une technologie ATM, pour laquelle un soutien a été demandé au CNRS, devient à présent une priorité, car sa lenteur ne permet plus un fonctionnement acceptable avec les stations de travail actuelles. Elle accompagne la modernisation des réseaux régionaux, le raccordement à Renater et notre participation au projet Mirihade. Il nous faut assurer une liaison suffisamment rapide pour pouvoir utiliser avec un confort suffisant les moyens de calcul vectoriels et massivement parallèles mis en place à l'IDRIS, tout proche, et pour pouvoir nous raccorder aux réseaux nationaux et internationaux, dans la perspective de communication homme-machine à distance. Les problèmes de sauvegarde (la taille des données à sauvegarder est passée de 50 GO à 200 GO durant l'année 1995 !) et de sécurité seront des priorités pour l'année à venir.
Le laboratoire attache beaucoup d'importance aux aspects de formation, et un correspondant formation (M. Meheut) consacre une partie de son activité à cette fonction. En 1995, 26 formations ont été suivies, dont 6 dans le domaine de la valorisation des résultats et de la protection des logiciels, suivant en cela les recommandations du précédent Conseil Scientifique.
Nous notons en particulier ces dernières années les développements importants liés à la réfrigération par les systèmes solides-gaz. Ils s'effectuent via SNEA (Elf-Aquitaine), qui a la charge (cession de licence du CNRS) de valoriser les activités menées dans ce domaine tant au LIMSI qu'à l'IMP de Perpignan. Des financements de l'ADEME ont été obtenus par l'intermédiaire de SNEA. 13 contrats nouveaux ont été mis en place dans le domaine de la communication parlée depuis 1994. On notera en particulier deux contrats avec France Télécom, pour le traitement de la voix par téléphone, trois contrats dans le cadre du programme "Language Research and Engineering" de la CEE et plusieurs contrats dans le cadre des programmes francophones de l'Aupelf-Uref. Les contrats ne sont pas l'exclusive des sciences dites "dures", et il faut souligner l'action du groupe "Cognition Humaine" dans le cadre d'un contrat avec Renault sur l'étude des systèmes de guidage et d'aide à l'orientation embarqués à bord de véhicules, et de deux contrats avec la DRET (sur "L'élaboration de cartes cognitives" et sur "La vigilance et la charge attentionnelle"), ainsi qu'une bourse Cifre avec EDF ("Aide à la décision pour les interventions de maintenance"). Par ailleurs, le nouvel administrateur du laboratoire a reçu pour mission spécifique de faire un bilan et de suivre les activités de nature contractuelle du laboratoire, en liaison avec la Délégation Régionale.
Relations nationales et internationales
Le laboratoire joue un rôle important dans l'animation et la participation aux actions et aux réseaux de recherche nationaux et internationaux. Il s'est fortement investi dans l'organisation des manifestations régionales et nationales pour les 20 ans du SPI, en particulier dans l'illustration des rapports du SPI avec les demandes de la société et de l'économie. Il est très actif dans le GDR MFN (où il a organisé plusieurs journées d'étude), dans le GDR-PRC CHM (où il est responsable de l'action DALI, mise en veille du fait des difficultés budgétaires), ainsi que dans les actions autour des Sciences Cognitives (présidence pendant plusieurs années de l'Association pour la Recherche Cognitive, animation du réseau Paris-Sud, participation à l'Axe Thématique National "Représentation de l'Espace", participation à la direction du GIS "Sciences de la Cognition"). Il intervient également dans des actions nationales en Ingénierie de la Langue (co-responsabilité du programme CCIIL, participation au Conseil Consultatif pour le Traitement Informatique de la Langue (CTIL)).
Il anime le réseau Francophone de l'Ingénierie de la Langue (Francil) de l'Aupelf-Uref, lancé en 1994, et a été à l'initiative de la création d'une Association Européenne pour les Ressources Linguistiques (ELRA), fondée en 1995. Le laboratoire est présent dans plusieurs actions du programme Capital Humain et Mobilité, pour la mise en place de réseaux d'échanges, pour l'obtention de bourses individuelles ou pour l'organisation d'Euroconférences, et il assure la responsabilité de trois d'entre elles. Il est également dans un programme Erasmus. Il participe à des actions de la DRET et de la CEE (Intas, Peco et Copernicus) en direction des pays d'Europe Centrale et d'Europe de l'Est. Il est un des rares participants non-américain dans le programme "Speech and Language Processing" du Darpa, et devrait être site miroir pour l'Europe du premier journal électronique dans le domaine du traitement de la parole (Free Speech Journal).
Parmi les ITA, A. Dulieu a obtenu en 1995 son passage dans le grade IR1, et M. Verger un passage en SARCS pour 1996. O. Daube, CR1, et ancien responsable du Département "Mécanique-Energétique", a obtenu un poste de professeur des universités, et J.P. Rossi est passé à la classe exceptionnelle des Professeurs. G. Vignaux, DR2, a obtenu sa promotion en DR1. Nous souhaitons enfin encore une fois attirer l'attention de la direction du CNRS sur les problèmes généraux relatifs aux promotions de ses personnels (en particulier les passages IR2 et les passages DR2), et, plus spécifiquement, les problèmes spécifiques à l'évaluation et à la promotion des chercheurs faisant preuve, à un moment de leur carrière, d'une grande mobilité thématique, comme M. Jardino (CR1), ou assurant depuis de nombreuses années des responsabilités importantes au sein du laboratoire.
15 Avril 1996
Sommaire
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