ÉTUDE DES CONDITIONS DE GÉNÉRATION DES INFÉRENCES

PENDANT LA COMPRÉHENSION DE TEXTES NARRATIFS

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N. CAMPION et J.-P. ROSSI

Figure

Objet

A quelles conditions les inférences optionnelles basées sur les connaissances du monde du lecteur sont-elles générées pendant la compréhension de textes narratifs ? Nous avons étudié expérimentalement la génération des inférences correspondant à des événements prévisibles à partir du contenu des textes. Nos résultats mettent en évidence un accroissement de la probabilité de génération de ces inférences dû à la présence d'associations sémantiques entre les mots du texte et les connaissances correspondant à l'inférence. Ces données sont compatibles avec un modèle dans lequel le niveau d'activation des connaissances en mémoire est corrélé avec leur probabilité d'utilisation pour générer une inférence.

Contenu

Pour établir qu'une inférence a été générée, nous avons mesuré, lors d'une tâche de décision lexicale, les latences des réponses des sujets lorsqu'ils reconnaissaient qu'un mot-cible représentant l'inférence appartenait au vocabulaire français. Il est admis que si les latences de réponses correctes sont plus courtes quand le mot-cible est présenté après lecture d'un texte expérimental qu'après lecture d'une version contrôle, c'est que l'inférence correspondante connaît un degré élevé d'activation en mémoire juste avant la présentation du mot-cible. Nous en concluons que l'inférence a été générée pendant la compréhension du texte expérimental. Il est important de noter que, pour chaque texte, les mots sémantiquement associés à l'inférence sont inclus dans les versions de contrôle de ces textes. Aussi la facilitation des mots-cibles ne peut-elle être seulement due aux associations qu'entretiennent les mots du texte et le mot-cible.

Trente étudiants volontaires ont lu individuellement, à leur allure et pour les comprendre, 30 textes expérimentaux et 30 textes distracteurs qui étaient présentés phrase par phrase sur l'écran d'un ordinateur. Les textes comportaient quatre phrases. Le type de version des textes expérimentaux était un facteur intra-sujet d'un plan en carré latin. Pour chaque texte, 1000 ms après la disparition de la dernière phrase, le premier de quatre items était présenté pour une décision lexicale. Pour les textes expérimentaux, ce premier item était toujours le mot-cible. Les autres items étaient des non-mots prononçables ou des mots non reliés aux textes. Une question de compréhension, non reliée à l'inférence, était présentée après chaque série de décisions lexicales. Après présentation du dernier texte de l'expérience, les sujets accomplissaient une tâche de jugement non attendue dans laquelle ils jugeaient si les événements prévisibles étaient des suites plausibles de l'un des textes précédents. Les sujets répondaient par "oui" ou par "non" et, pour les réponses "oui", fournissaient une évaluation de plausibilité sur une échelle en cinq points.

Situation

Les résultats montrent que seules les latences des réponses correctes aux mots-cibles après lecture des versions Association et Cohérence sont significativement plus courtes qu'après lecture des versions contrôle. De plus, les latences ne sont pas significativement différentes pour les versions Association et Cohérence. Cependant, les jugements de plausibilité attestent que les événements prévisibles sont considérés comme causalement reliés avec plus de force aux versions Cohérence qu'aux versions Association. Ces résultats suggèrent que les associations sémantiques entre les mots du texte et les connaissances correspondant à l'inférence accroissent la probabilité avec laquelle les événements prévisibles sont inférés pendant la compréhension. Les effets de ce facteur ne semblent pas dépendre du nombre de relations causales entre le texte et l'inférence, même si la différence entre versions a un effet significatif sur les jugements de plausibilité recueillis pour chaque inférence.

Gpe Cognition Humaine

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