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M. BOLLAERT, M. COCUDE, M. DENIS et O. GHAEM
Objet
Depuis quelques années, l'accent est mis de façon de plus en plus marquée sur la variété des sources de la connaissance spatiale (ambulatoire, cartographique, mais aussi verbale). Parallèlement, l'accent est mis sur deux formes contrastées des représentations mentales de l'espace : les représentations "en survol" et les représentations "en trajet" (Taylor & Tversky, 1992). Les premières coïncident avec la prise de connaissance cartographique de l'espace, tandis que les secondes sont surtout tributaires des formes ambulatoires de l'apprentissage spatial. L'intérêt des descriptions linguistiques de l'espace est que selon les principes rédactionnels adoptés par leur auteur, elles peuvent conduire le sujet qui les traite à adopter sur l'environnement décrit soit une perspective en survol (avec un point de vue allocentré et fixe sur le territoire décrit), soit une perspective en trajet (avec une série de points de vue égocentrés et changeants).
Contenu
Nos expérimentations sur les processus cognitifs mis en jeu dans l'exploration mentale de configurations spatiales vues en survol révèlent la forte contribution de l'imagerie mentale à ce processus (M. Denis et M. Cocude). La Figure 1 atteste que les sujets les plus imageants (identifiés comme tels à l'aide d'épreuves psychométriques appropriées) sont ceux qui reflètent le plus clairement la corrélation entre temps et distances caractéristique de l'exploration mentale. La thèse en cours de M. Bollaert vise pour sa part à comparer l'exploration mentale de configurations spatiales mémorisées à partir d'entrées perceptives ou bien d'entrées linguistiques.
Notre intérêt pour les formes "dynamiques" de la connaissance spatiale nous a également amenés, avec G. Fernandez, à evaluer le rôle de l'imagerie mentale au cours du traitement de descriptions d'itinéraires. La lecture de ces descriptions (dans lesquelles sont décrits des repères, les détails de ces repères, ainsi que les actions à exécuter) fait apparaître que les sujets les plus imageants distribuent leurs temps de lecture de manière plus différenciée sur ces différents items que les sujets les moins imageants, et surtout que leurs temps de traitement sont dans l'ensemble beaucoup plus courts (Figure 2). Pour un niveau de rappel moyen équivalent dans les deux groupes, la mise en oeuvre de l'imagerie au cours de la prise d'information permet donc un traitement beaucoup plus rapide.
Situation
Ces travaux prennent une nouvelle dimension, à travers la poursuite de notre collaboration avec le Groupe d'Imagerie Neurofonctionnelle du CEA, à l'Hôpital d'Orsay (B. Mazoyer). Dans une recherche soutenue par le GIS Sciences de la Cognition, nous nous proposons de comparer, à l'aide de la Tomographie par Emission de Positons, les structures cérébrales mises en oeuvre dans l'activation de représentations "en survol" ou "en trajet" d'un même environnement. La première étape, à laquelle est associé A. Berthoz (Collège de France), consiste à faire acquérir des connaissances spatiales nouvelles à des sujets qui explorent un environnement inconnu d'eux. Sous TEP, les sujets doivent ensuite effectuer des simulations mentales de leurs déplacements entre des repères spécifiés de l'environnement (par exemple, entre la cabine téléphonique et le chalet). Les premiers résultats, recueillis par O. Ghaëm dans le cadre de son DEA, puis de sa thèse, attestent de la participation de la formation hippocampique dans la simulation des déplacements mémorisés (Figure 3).
Références
(1) Denis, M., Gonçalves, M.-R., & Memmi, D. : "Mental scanning of visual images generated from verbal descriptions : Towards a model of image accuracy". Neuropsychologia, 33, 1511-1530, 1995.
(2) Ghaëm, O. : "Anatomie fonctionnelle de la simulation mentale de trajets mémorisés : Une étude par Tomographie par Emission de Positons". Mémoire du DEA de Sciences Cognitives, Université de Paris-Sud, Orsay, 1995.
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