ACTION TRANSVERSALE VENISE

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P. Bourdot, J.J. Mariani

VENISE (Virtualité et ENvironnement Immersif pour la Simulation et l'Expérimentation) est une action de recherche transversale à l'ensemble du laboratoire, lancée officiellement en janvier 2001. Cette action a un double objectif :

L'origine de cette action transversale est la montée en puissance, depuis octobre 1998, des activités de recherche sur la RV au sein du laboratoire. Cette montée en puissance s'est tout d'abord traduite en novembre 1999 par la décision du Conseil Régional d'Ile-de-France de soutenir notre proposition SESAME de ``Plate-forme de Réalité Virtuelle et Augmentée pour des Visualisations et des Simulations Scientifiques Semi-Immersives''. Cependant, l'importance des problématiques de recherche qu'ouvre la RV au département ``Communication Homme-Machine'' d'une part, l'intérêt du département ``Mécanique-Energétique'' concernant la visualisation immersive de grosses bases de données pour l'étude de structures d'écoulements turbulents d'autre part, ont amené le LIMSI à chercher à se doter d'un dispositif immersif de grande taille à caractère évolutif. C'est dans ce contexte que le CNRS a décidé d'amplifier de façon très significative sa contribution au projet initial en attribuant au laboratoire en juillet 2000 une dotation exceptionnelle pour gros équipements, suivie d'une enveloppe budgétaire répartie sur 2 ans pour la construction des bâtiments requis pour abriter l'équipement et le développement de cette action de recherche.
Pour répondre aux ambitions de ce programme, le LIMSI a décidé de créer une structure transversale à ses deux départements `` Mécanique-Energétique '' et `` Communication Homme-Machine ''. Cette structure est organisée autour de deux comités :

Réuni environ tous les quinze jours depuis le lancement de l'action VENISE, le comité de suivi s'est principalement concentré sur :

D'un autre côté, trois réunions du comité scientifique ont été organisées. Les deux premières, qui se sont tenues les 18 mai et 13 septembre 2001, étaient ouvertes à l'ensemble du laboratoire. Outre des exposés généraux sur la RV (tant conceptuels que matériels ou logiciels), ces réunions ont permis le recensement d'une trentaine de thèmes de recherche que les membres du laboratoire souhaitent aborder à moyen et long termes dans le cadre de l'action transversale VENISE. Ces perspectives de recherche sont doubles. D'une part, il s'agit des développements liés aux algorithmes de RV et aux méthodes d'interaction homme-machine en milieu immersif. D'autre part, ces perspectives portent sur les recherches à mener sur les environnements immersifs autour de plusieurs types d'applications en relation avec différents partenaires. La troisième réunion du comité scientifique de VENISE, restreinte aux 20 membres cooptés avec la direction du laboratoire, s'est tenue le 7 décembre 2001. Sur l'analyse des thèmes recensés lors des deux précédentes réunions, le comité scientifique a finalement décidé de structurer la première phase du programme de recherche de cette action transversale autour de 4 axes prioritaires, choisis en fonction des acquis du laboratoire et des potentialités d'avancement à court terme de ces axes~: Chaque axe a été défini comme un couplage entre méthode et application. Cela doit permettre, d'une part de confronter des aspects méthodologiques génériques à la RV aux exigences d'applications concrètes, d'autre part d'évaluer les problématiques spécifiques que posent certaines applications de RV. Le dispositif transitoire en cours d'installation va permettre de lancer les premières évaluations de ces travaux, puisque, pour chacun de ces axes prioritaires, des développements existent déjà au sein du laboratoire. Nous devrions ensuite être en mesure, à l'issue de la première phase de notre programme de recherche (prévue vers décembre 2003, c'est-à-dire lors de l'achèvement de la construction du bâtiment et de l'implantation du système EVE), d'élargir nos problématiques à la majorité des thèmes recensés lors des deux premières réunions du comité scientifiquede VENISE. Cet élargissement devrait viser en priorité, d'une part les aspects audio 3d, d'autre part l'interaction immersive pour la recherche d'information dans documents multimédia complexes.

AXE ``Bouclage entre réel et virtuel, et compression de données en mécanique des fluides'B.~Podvin, F.~Lusseyran, P.~Bourdot, Y.~Fraigneau, P. Gougat, C. Tenaud, D.~Touraine, J.-M.~Vézien

Cet axe est issu de la coopération engagée en octobre 1998 entre les deux départements du laboratoire, lorsque plusieurs chercheurs du futur groupe ``Geste et Image'' se sont lancés dans la conception et le développement du logiciel Mécanique des fluides, la première application de RV développée au sein du LIMSI qui permet la visualisation stéréoscopique de bases de données d'écoulements. Sur l'expérience ainsi acquise, notre objectif est maintenant de définir les modalités d'une exploration immersive optimale pour l'étude qualitative d'écoulements tridimensionnels et instationnaires. Figure 1 : L'application Mécanique des fluides~: Visualisation de la base de données d'un mélange compressible turbulent (haut-gauche)~; Coupe sur la jonction entre les deux couches (haut-milieu)~; Surface de propagation de particules iso-temporelles (haut-droite)~; Iso-surface de pression (bas).

Dans ce domaine d'application, les informations à analyser peuvent provenir de simulations numériques ou de modèles expérimentaux. Ce sont des vecteurs de grandeurs physiques (vitesse, pression, température, déplacement de gradients de scalaires...) principalement échantillonnées sur des maillages tridimensionnels à topologie rectangulaire (typiquement des grilles cartésiennes XYZ ou homéomorphes à celles-ci~ : portions de cylindre ou de tore...). La taille typique des bases de données à traiter est d'environ 1 million de points pour chaque instant d'une simulation, donc des données dynamiques extrêmement lourdes à engendrer, tant en calcul qu'en visualisation stéréoscopique.
La visualisation stéréoscopique de bases de données statiques que permet déjà l'application Mécanique des fluides constitue en soi un outil nouveau pour les chercheurs du domaine (voir figure~1). Au demeurant, la richesse et la complexité croissante des écoulements turbulents étudiés requiert la mise au point d'environnements logiciels plus efficaces pour l'exploration immersive de ces phénomènes spatio-temporels. L'un des buts visés est par exemple de pouvoir aider efficacement la réalisation de taxinomies sur les micro-structures de certains écoulements, afin de pouvoir mieux cibler les objectifs des recherches fondamentales et expérimentales en mécanique des fluides.
Du point de vue de la RV, l'intérêt de travailler sur ce type de système est principalement de proposer des solutions nouvelles en termes d'architecture logicielle et de gestion de scènes complexes. Mais ces solutions ne peuvent être pensées de facon pertinente sans l'interaction avec les chercheurs en mécanique des fluides, puisqu'il convient de ne pas dénaturer les phénomènes à explorer. Dans ce contexte et dans l'état actuel de l'avancement de notre réflexion, deux problématiques de recherche se dégagent à moyen et long termes.

Il s'agit tout d'abord de la mise en évidence des structures cohérentes. En effet, puisqu'il n'existe pas de définition précise de ce qui constitue une structure cohérente, et donc pas de critère universel de détection, les chercheurs en mécanique des fluides sont amenés à choisir parmi un arsenal de procédures d'identification - telles que l'analyse en ondelettes, la décomposition orthogonale, l'échantillonnage conditionné pour n'en citer que quelques-unes - celle qui leur paraît la mieux adaptée au problème en question (contrôle de l'écoulement, interaction fluide-structure). Une fois les caractéristiques essentielles de l'écoulement isolées, ils pourront alors chercher à prédire, voire à contrôler, leur évolution. De manière générale, l'application d'une procédure de détection accompagnée ou non d'une focalisation sur une région particulière de l'écoulement consiste à appliquer une succession de filtres au signal. L'efficacité et la rapidité de la procédure de filtrage dépendent fortement des contraintes de temps et de mémoire induites par la configuration matérielle de la plate-forme et les divers montages informatiques réalisés. Notons que le problème de structuration des données qui apparaît ici s'inscrit dans un contexte plus large que la simple expertise physique, puisqu'il concerne également le stockage, la transmission et l'affichage des données.
En second lieu, il s'agit de la comparaison qualitative entre les modèles expérimentaux et numériques (cf. bouclage entre réel et virtuel). En ce qui concerne cette seconde problématique, rappelons que l'ensemble des résultats tant numériques qu'expérimentaux se présente sous la forme de grilles avec des valeurs aux nœuds. Une confrontation quantitative pas à pas entre valeurs expérimentales et résultats numériques n'a pas de sens dans le cas d'un problème instationnaire fortement non-linéaire et donc non reproductible. En revanche, une comparaison qualitative directe 3d et adaptative, de l'évolution spatio-temporelle des structures mesurées et simulées, pourrait se révéler un puissant outil de validation. Cependant, les métrologies existantes ne permettent pas d'envisager l'accès à une information tridimensionnelle complète à une cadence compatible avec les échelles de temps caractéristiques de la plupart des écoulements. Il faudra donc étudier l'insertion des données expérimentales partielles au sein de la visualisation des champs obtenus par simulation numérique.

AXE ``Exploration immersive et analyse de données textuelles et factuelles appliquées au génome''R.~Gherbi, D.~Béroule, J.~Hérisson, P.~Paroubek, W.~Turner

La génomique est une science récente et en pleine expansion. On dispose actuellement de la séquence intégrale de plusieurs centaines de génomes. Par ailleurs, il existe de vastes espaces informationnels sur le réseau mondial qui contiennent à la fois d'immenses banques de données factuelles (GenBank, SwissProt, etc.) et des millions de publications biomédicales (PubMed, MEDLINE, NIH, etc.). La mission difficile consiste à décrypter, en lien avec les biologistes, les données génomiques (identifier les structures et les fonctions), car les banques sont de très grandes tailles, hétérogènes, et dispersées. De plus, les interactions entre objets biologiques sont mises en valeur plutôt dans les données textuelles (articles scientifiques écrits en langue naturelle avec un vocabulaire spécialisé). Cette expansion de la génomique, mais aussi le développement ces dernières années des expérimentations produisant des données du transcriptome, sont en train de bouleverser complètement la manière de faire de la biologie, mais aussi l'impact et les débouchés applicatifs en thérapie, en pharmaceutique, en agriculture, et plus généralement dans les secteurs industriels des biotechnologies. Ils impliquent aussi la mise en place de puissants outils informatiques, qui doivent rester conviviaux, afin de traiter cet énorme flux mais aussi de maîtriser la complexité des informations.

Dans ce contexte, les travaux menés dans cet axe de VENISE visent la mise en œuvre et l'exploitation des potentialités offertes par la RV pour permettre une exploration conviviale et efficace de ces données. En effet, nous pensons qu'une approche intégrée est nécessaire, mettant en relation les outils de visualisation interactive et d'extraction de connaissances à partir de textes. On remarque souvent que ces données sont distribuées sur plusieurs sites avec très peu de passerelles transparentes entre eux. Il faut donc les rendre partageables et aisément accessibles aux dizaines de milliers d'utilisateurs potentiels. Nous voyons à cette intégration un double intérêt : d'une part la systématisation de la création de liens entre données factuelles et données textuelles augmenterait continuellement les connaissances sur les propriétés, les fonctions et les structures biologiques décrites dans les banques factuelles ; d'autre part et symétriquement, puisque ces liens influencent la compréhension des séquences identifiées, leur qualité doit être contrôlée, voire débattue de manière collaborative (in situ ou à distance) dans des situations d'interprétations variées. Ce double intérêt peut être considéré comme un enjeu clé de la bio-informatique documentaire, en complément à d'autres axes de recherche de ce domaine scientifique.

Dans un premier temps, nous nous appuyons en particulier sur les travaux menés dans les projets de veille technologique sur la microbiologie et la résistance aux antibiotiques (contrat avec le département SDV du CNRS, l'INIST-CNRS et l'Institut Gustave Roussy (IGR) Villejuif) et dans l'action bioinformatique AMTEFAG animés au LIMSI par W.~Turner et P. Paroubek, ainsi que ceux de la plate-forme GenoMEDIA (Modélisation et Exploration 3D Interactive pour l'Analyse des génomes) développée sous la responsabilité de R.~Gherbi< au sein du groupe ``Geste et Image''. Le but recherché est de permettre à un biologiste de pouvoir interroger et naviguer entre des données factuelles (les représentations graphiques des séquences génomiques et leurs annotations) et des données textuelles (terminologies et connaissances extraites de résumés de publications scientifiques). Il s'agit par exemple de construire et d'associer des familles de gènes par le développement d'outils intégrés d'analyse des séquences et d'analyse textuelle de résumés bibliographiques concernant ces familles, cela dans le contexte de la base CancerGene (IGR) et de l'Atlas de cytogénétique. Les outils d'interaction 3d (voir plate-forme EVI3d ) conçus et développés au bénéfice de l'action transversale VENISE seront précieux pour la mise en place rapide d'expérimentations avec des utilisateurs, de sorte à affiner et évaluer nos choix techniques. Dans l'avenir, nous envisageons la systématisation de la création de liens entre données factuelles et données textuelles, avec l'exploration virtuelle comme ligne conductrice.

AXE ``Interactions coopératives in situ pour la radiologie médicale'' A.~Osorio, J.~Atif, S.~Neuenschwander*, L.~Ollivier*, X.~Ripoche, V.~Servois**
* Institut Curie (Paris)~; ** Institut Curie et doctorant LIMSI-CNRS.

L'objectif de ce projet de recherche est la conception, la mise en oeuvre et l'implantation sur site d'un système informatique de couplage entre l'imagerie radiologique, la RV et des actes médicaux chirurgicaux ou radiothérapiques.

Au cours de ces dernières années, l'imagerie radiologique a connu un essor considérable : de nouveaux types de scanner et de nouvelles unités d'IRM permettent d'obtenir des images de plus en plus précises mais avec un coût informatique de plus en plus important, notamment en taille mémoire. Les images radiologiques sont devenues un outil clinique essentiel en diagnostic mais force est de constater que dans les applications cliniques leur utilisation est presque toujours effectuée à partir de planches photographiques. Cette situation est contradictoire avec les développements en imagerie permettant la détection de lésions de plus en plus petites et pour lesquelles le besoin de précision est très important.
Plusieurs centres hospitaliers disposent sur site d'un ou plusieurs systèmes d'imagerie médicale (IRM, scanner, échographes) et d'une ou plusieurs unités interventionnelles : chirurgie, radiothérapie, radiologie interventionnelle, etc. Ces systèmes sont très souvent interconnectés par un réseau informatique. Néanmoins, très peu d'informatique avancée est aujourd'hui implantée dans les centres médicaux.
Dans ce projet nous envisageons la réalisation d'un système capable d'assurer le couplage informatique, en temps réel, entre les unités d'imagerie (IRM, scanner) et les unités de traitement via un dispositif de RV. Dans une première phase, la radiothérapie et la chirurgie interventionnelle seront les deux applications canoniques.

Le système proposé comporte les sous-systèmes suivants :

Dans une première phase, ce système doit constituer un outil très précis d'aide au centrage en radiothérapie~; il pourra aider le praticien à la localisation, à partir de la forme extérieure du corps humain, des lésions à traiter. Un modèle probatoire est en cours de développement sur machine SGI de type Octane. Les premières expériences seront effectuées en étroite collaboration avec l'Institut Curie.
Pour ce faire, le LIMSI a donc conçu et développé un système informatique qui assure la reconstruction 3d et la mesure du volume d'organes et de lésions. Ce système fonctionne en ligne et est capable de lire des examens DICOM. Ce logiciel est opérationnel sur PC et partiellement, sous Unix. Rédigé en langage C/C++, il va pouvoir être interfacé à la plate-forme EVI3d destinée à gérer les dispositifs de RV de l'action VENISE. Des recherches en interaction 3d permettront d'adapter au contexte immersif les outils de dialogue nécessaires à cette application.
A terme, le couplage de notre système de radiologie 3d avec un dispositif de RV vise la mise au point d'un environnement virtuel collaboratif totalement nouveau. Cet environnement permettra à des praticiens de divers compétences (médecins, radiologues, chirurgiens...) de préparer ensemble, sur des données 3d particulièrement précises, des actes médicaux lourds à caractère chirurgical ou radiothérapique. En outre, plusieurs autres applications sont possibles, comme par exemple l'enseignement d'actes thérapeutiques aux étudiants de ces disciplines, ou encore pour la formation continue des praticiens.

AXE ``Interaction multimodale pour une CAO immersive'' P.~Bourdot, Y.~Bellik,L.~Bolot, B.~Bossard, A.~Braffort, J.~Mariani, D.~Touraine, J.M.~Vézien

En partant de l'expérience issue du projet MIX3D (Multimodal Interaction in a X environment with a 3D virtual space) qui se développa de 1994 à 1996 au sein du LIMSI, l'objectif est d'élaborer un modèle d'interface immersive et multimodale, générique à diverses configurations de dispositifs de RV, qui permette une coopération fine avec les fonctionnalités et les structures de données avancées d'un système de CAO existant.

L'interaction multimodale en entrée (ou fusion multimodale), est un domaine relativement bien maîtrisé pour bon nombre d'applications. En revanche, dans le contexte des applications 3d, assez peu de travaux en matière d'interfaces multimodales ont abouti à des prototypes pré-industriels. D'un autre côté, l'interaction immersive est susceptible de faire des systèmes CAO de véritables instruments de simulation 3d temps réel pour la conception d'objets. Au demeurant, bon nombre d'interfaces immersives sont enfermées dans une approche méthodologique qui consiste à les concevoir comme une simple extension 3d de nos interfaces traditionnelles (cf. claviers virtuels, menus, boutons et autres widgets 3d). Dans ce domaine, l'approche du LIMSI est fondamentalement de penser que la plupart de ces artifices, qui en l'occurrence polluent souvent l'espace de travail 3d, pourraient être supprimés. L'un des objectifs de cet axe de recherche de l'action transversale VENISE vise donc à mettre au point des solutions robustes pour une gestion multimodale des interactions 3d, et ce, en relation avec des systèmes avancés de reconnaissance ou de traitement des modalités sensori-motrices.

Les solutions étudiées dans le cadre de cette problématique portent tout d'abord sur la conception et l'évaluation d'une architecture distribuée, de type événementielle, susceptible de gérer les phénomènes de latence introduits par lesdits systèmes avancés de certaines de ces modalités (parole, geste). Cela est historiquement la première fonction de l'EVserveur, un gestionnaire distribué d'événements et de périphériques destiné à faciliter le développement d'applications immersives (voir activités de recherche du Thème 1 du groupe ``Geste et Image''). Ensuite, pour qu'un signal reconnu ou traité soit correctement interprété, il convient non seulement que le module chargé de l'interprétation possède une modélisation de la partie du noyau fonctionnel qui lui incombe, mais il faut de plus que cette couche ait un accès aux objets de la base de données active sur l'application. Typiquement, l'interprétation complète de gestes d'interaction 3d suppose de déterminer le ou les objets en relation avec le geste. Dans le contexte d'une application de CAO immersive dont les ressources calculatoires sont distribuées, nous nous proposons donc d'étudier en particulier, comment apporter aux interpréteurs l'information géométrique requise, sans imposer aux ressources de calcul de chaque modalité la gestion complète d'un miroir de la base de données 3d. Par ailleurs, plusieurs autres problèmes seront abordés comme par exemple, la prise en compte de la variabilité des gestes à reconnaître du fait de la taille et de la distance aux objets, ou de la densité de la scène. En traitement de la parole, l'enjeu est de prouver que les interactions de type menu peuvent être définitivement supplantées par des commandes vocales, d'autant que les applications CAO se prêtent assez bien au développement de systèmes multi-locuteurs.

Mais cet axe de VENISE va aussi s'intéresser à la gestion de la multimodalité en sortie. Cette problématique vise à doter le système interactif de mécanismes automatiques (voire de capacités intelligentes) qui lui permettent de sélectionner de manière dynamique et en fonction de divers critères (scène, plate-forme matérielle, utilisateur,...), une forme de présentation pertinente et adaptée pour communiquer une information à l'utilisateur.
Or, dans les systèmes interactifs actuels, on constate que toutes les informations présentées sont prédéterminées dans leurs modalités de sortie. Ainsi, pour attirer l'attention de l'utilisateur sur un objet particulier d'une scène 3d, le développeur de l'application va par exemple décider, une fois pour toutes, d'attribuer une certaine couleur à cet objet, ou de lui affecter un effet de clignotement. Cependant, pour que l'interaction soit efficace lors d'une simulation ou d'une exploration immersive d'informations complexes, on se doit de prendre en compte à la fois le contexte de l'objet (couleurs des objets environnants...) et les paramètres d'observation de la scène virtuelle (direction du regard...).
Nos recherches sur la multimodalité en sortie s'orientent donc vers l'étude et la conception d'architectures de systèmes interactifs capables de supporter des modèles d'interaction dynamiques et adaptatifs. Les méthodes de conception et de spécification actuelles de ces systèmes sont en effet inadaptées à la résolution d'un tel problème car elles ne prennent en compte que la spécification des formes de présentation et négligent complètement la modélisation des contenus sémantiques. Il devient dès lors nécessaire d'avoir une réflexion en profondeur sur le processus de conception des systèmes interactifs ainsi que sur la définition de nouveaux formalismes de spécification capables de supporter ce type de multimodalité. De tels formalismes permettront de mettre en place des mécanismes de renforcement ou au contraire de substitution de modalités (transmodalité) en fonction du contexte d'utilisation. Ainsi, par exemple, le système interactif pourra décider de renforcer un retour d'effort par certaines manifestations visuelles ou alors, en détectant l'absence ou la défaillance d'un périphérique haptique, il pourra remplacer un feedback sensori-moteur par une combinaison d'autres modalités.

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Pour conclure, notons que l'action transversale VENISE est d'ores et déjà impliquée dans plusieurs collaborations de recherche, tandis que des partenariats industriels et institutionnels sont en cours de développement.
Au niveau du campus d'Orsay, outre les collaborations liées à la mécanique des fluides et à la bio-informatique, une coopération spécifique s'engage actuellement avec l'IDRIS. Ce projet vise à faire l'étude de faisabilité d'une boucle ``Super calculateur, Calculateur graphique, Utilisateur'' susceptible de gérer, via un réseau haut débit, des simulations scientifiques temps-réel qui seraient paramétrées et analysées au travers d'interactions sensorielles immersives.
A l'échelle nationale, nous collaborons avec une vingtaine de partenaires académiques et industriels au projet PERF-RV (PlatE-foRme Française de Réalité Virtuelle, bureau d'étude du futur). Ce projet, labellisé plate-forme RNTL par le Ministère de la Recherche en 2000, contractualisé pour un an en février 2001, vient de voir son renouvellement accepté pour deux ans. Dans le cadre de cette collaboration, le groupe ``Geste et Image'' du département CHM est en particulier responsable de l'action SP2.A2 qui vise à réaliser le prototype pré-industriel d'un gestionnaire distribué de périphériques de RV (capteurs de mouvements, gants numériques...) et de modules de reconnaissances (parole, geste...). L'une des finalités de l'EVserveur est de fournir avec de très faibles latences toutes les informations nécessaires au développement de modules de gestion multimodale des interactions, moteurs interactifs incontournables si l'on veut dépasser les contraintes ergonomiques des dispositifs actuels de RV.
Depuis début 2002, nous sommes aussi impliqués dans l'action spécifique ``Réalité Virtuelle et Cognition'' du département STIC du CNRS. Concrètement, au sein d'un premier réseau constitué de quatre autres équipes de recherche (équipe ``Réalité Virtuelle et Augmentée'' de l'Ecole des Mines de Paris, UMR ``Mouvement et Perception'' de Marseille, équipe SIAMES-IRISA de Rennes, LPPA du Collège de France), cette action spécifique vise à inciter le lancement d'une production scientifique interdisciplinaire autour de trois axes de travail~:

Au niveau international plusieurs visites ont eu lieu auprès de l'Université de l'Illinois à Urbana Champaign. Une réflexion est en cours pour engager une collaboration sur le thème du travail coopératif à travers des réseaux à large bande qui, avec l'Image et le Génie des Procédés, est au coeur de l'accord-cadre de coopération entre le CNRS et cette Université.

Composition du comité de suivi~:

P.~Bourdot (co-responsable de VENISE), V.~Bhoyroo (Gestionnaire), A.~Choisier (Resp. hygiène et sécurité), P.~Le Quéré (Directeur du LIMSI), D.~Lerin (Resp. infrastructures), J.~Mariani (co-responsable de VENISE), B.~Mérienne (Resp. des moyens informatiques), S.~Pageau-Maurice (Resp. communication), J.~Raguideau (Administratrice), G.~Sabah (Dir. Adjoint du LIMSI), D.~Teil (co-secrétaire scientifique), J.-M.~Vézien (co-secrétaire scientifique).

Composition du comité scientifique

Membres ès qualités~:
P.~Bourdot, P.~Le Quéré, J.~Mariani, G.~Sabah, D.~Teil, J.-M.~Vézien.

Représentants thématiques~:
C.~d'Alessandro~(PS/CHM), Y.~Bellik~(AMI/CHM), L.~Bolot~(GI/CHM), M.~Denis~(CH/CHM), F.~Gaunet~(CH/CHM), R.~Gherbi~(GI/CHM), M.~Jardino~(LIR/CHM), F.~Lusseyran~(DFT/ME), A.~Osorio~(PS/CHM), P.~Paroubek~(TLP/CHM), B.~Podvin~(DFT/ME), M.~Pons~(TSF/ME), C.~Tenaud~(DFT/ME), W.~Turner~(AMI/CHM).

Membres externes au laboratoire~: en cours de désignation.