Description du contenu de la mémoire sémantique par~la~méthode~des~associations~libres
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Objet
Les modèles des réseaux sémantiques tiennent une place prépondérante dans les études de la compréhension du langage. A ce jour, les descriptions de ces réseaux ont reposé essentiellement sur des analyses linguistiques ou logiques. Le but des recherches développées ici est de recueillir des données empiriques permettant de décrire le contenu de la mémoire sémantique.
Description
Par la méthode des associations libres, nous avons recueilli des données concernant 284 noms communs, 284 dessins et 217 verbes. La technique d'amorçage est mise en oeuvre pour préciser si ces données sont constitutives de la mémoire sémantique.
Résultats et perspectives
Bien que tous les sujets aient fourni des réponses, la dispersion de celles-ci est élevée : pour les noms, on relève 26,72% de réponses différentes, 32,00% pour les dessins et 53,91% pour les verbes. Le dessin et le mot qui permettent de désigner l'objet représenté n'activent pas les mêmes associés. Le taux de recouvrement entre les réponses aux dessins et aux noms n'atteint que 36,26%.
Les expériences d'amorçage indiquent que les données recueillies avec la procédure d'association représentent bien le contenu de la mémoire sémantique. Afin de décrire l'organisation de cette mémoire, les réponses associatives ont été classées en trois catégories : les réponses définitoires (lexèmes compris dans les définitions données par le dictionnaire Le Petit Robert, ainsi que les catégories de rattachement - par exemple, la réponse « mammifère » pour le stimulus « baleine » -, et les synonymes); les réponses connotatives (« ensemble de significations secondes provoquées par l'utilisation d'un matériau linguistique particulier et qui viennent s'ajouter au sens conceptuel ou cognitif, fondamental et stable, objet du consensus de la communauté linguistique, qui constitue la dénotation », J. Dubois, 1999) ; les réponses référentielles (lexèmes désignant les référents, c'est-à-dire les objets réels ou imaginaires dénommés par le lexème). La Figure 1 illustre les différences entre ces catégories de réponses. Les pourcentages de réponses correspondant à ces catégories sont présentés dans le Tableau 1.
Pour les noms communs et les dessins, les réponses de type référentiel représentent respectivement 43,19% et 58,20% des réponses. Les réponses de type définitoire ne dépassent pas 38,40% pour les noms. Pour les verbes, les réponses définitoires et référentielles dominent, mais la différence entre les deux catégories n'est pas significative. Etant donné l'importance des propositions dans les modèles de la compréhension de textes (Kintsch et van Dijk, 1978 ; Kintsch, 1985 ; van Dijk, 1980 ; van den Broek, 1999), la part des réponses qui sont des associés sémantiques, des arguments ou des modulateurs a été calculée. Les pourcentages de réponses sont présentés dans le Tableau 2. Les compléments d'objet dominent. Pour les verbes transitifs, 34,78% des réponses sont des compléments d'objet [1].
Ces données posent la question des relations entre mémoire sémantique et mémoire épisodique. Elles sont compatibles avec les modèles qui placent les situations au centre du réseau sémantique (Barsalou, Huttenlocher et Lambert, 1999 ; Cree, McRae et McNorgan, 1999).
Références
[1] Rossi, J.P. : «~Contenu et organisation de la mémoire sémantique~». Colloque des Jeunes Chercheurs en Sciences Cognitives CJC4. Lyon, France, 2-4 mai 2001. (Actes sous presse.)
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