Expérience visuelle et traitement des informations proprioceptives
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F. Gaunet, M. Ittyerah1 et Y. Rossetti 2
Objet
L'objet de cette étude est de déterminer si les représentations spatiales égo- et exocentrées élaborées sur la base de l'intégration d'informations proprioceptives lors d'une tâche de pointage dépendent de la modalité visuelle.
Description
En 1996, nous avons montré le caractère modal des représentations spatiales à travers la réalisation d'une tâche de pointage proprioceptif par des sujets adultes aveugles de naissance et voyants privés de vision (Figure 1) : l'expérimentateur assurait le transport passif d'un doigt du sujet vers une cible dont la position devait être mémorisée et le sujet devait ensuite désigner la position de cette cible de l'autre côté de la plaque avec le même doigt de l'autre main. Chez le sujet voyant privé de vision, lorsque le délai entre la phase d'acquisition et de test est très court (0 s), la distribution des pointages est perpendiculaire à l'arc de cercle formé par les cibles (Figure 2 b). Le codage du mouvement (codage égocentré) est mis en jeu. En revanche, à 8 s, la distribution devient parallèle à l'arc de cercle (Figure 2 c) ; la configuration spatiale de l'ensemble des cibles est prise en compte (codage exocentré). Par ailleurs, aucune différence n'est observée à 0 s entre les deux groupes (Figure 2 b). Enfin, la distribution des pointages des aveugles de naissance à 8 s est similaire à celle des sujets voyants et aveugles à 0 s (Figure 2 b). L'expérience visuelle précoce facilite donc l'intégration cognitive des positions relatives de l'ensemble des cibles de la configuration. En 1997, ce thème de recherche s'est développé (projet INSERM) sous une perspective développementale avec M. Ittyerah.
Résultats et perspectives
Les distributions des pointages sont similaires entre les enfants aveugles de naissance et voyants privés de vision et aucun effet de l'âge (6, 8, 10 et 12 ans) n'apparaît ; au délai long, les pointages s'alignent sur l'arc de cercle formé par les cibles et, au délai court, les pointages s'alignent sur la direction du mouvement, comme chez les voyants adultes. Les modes de codage égo- et exocentré coexistent donc, chez les voyants privés de vision, de l'âge de 6 ans à l'âge adulte et, chez les aveugles de naissance, de 6 à 12 ans. Le développement du mode de codage exocentré ne repose donc pas sur l'expérience visuelle précoce, mais son maintien à la fin du développement en dépend [1, 2]. L'expérience visuelle précoce et l'expérience non visuelle à long terme interviennent donc dans l'organisation des systèmes de traitement spatiaux proprioceptifs, ce qui est en faveur du caractère modal des représentations spatiales élaborées sur la base d'informations proprioceptives. Par ailleurs, le travail de Y. Rossetti a mis en évidence une représentation exocentrée au délai court, à l'aide de la verbalisation d'informations verbales de nature spatiale au cours de la production du geste. Ce nouveau protocole appliqué aux aveugles de naissance adultes permettra d'analyser si ces représentations peuvent à leur tour se développer. Si c'est le cas, alors les informations verbales se substituent efficacement aux informations sensorielles d'origine interne pour élaborer une représentation des positions de lieux. Une perspective serait de développer un logiciel d'entraînement sensori-moteur et verbal pour les aveugles.
Références
[1] Gaunet, F., Ittyerah, M., Ramesh, G.,
& Rossetti, Y. : « Early visual deprivation does not affect spatial
representation in children ». Behavioural Pharmacology, vol 12,
S40, 2001.
[2] Gaunet, F., Ittyerah, M., Ramesh, G., & Rossetti, Y.
: « The use of frame of reference during proprioceptive
pointing in early blind children ». Eighth European Workshop on
Imagery and Cognition. Saint-Malo, France, 1-3 avril 2001. (Résumé.)
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1 Département de Psychologie, Université de Delhi, Delhi.
2 Espace et Action, INSERM, Lyon.
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