Mémoire de travail visuo-spatiale et traitement d'instructions directionnelles
_____________________
E. Deyzac, R. H. Logie1 et M. Denis
Objet
Alors que les environnements spatiaux sont par nature multidimensionnels, la description verbale des environnements est structurée de façon linéaire. Dans le cas particulier des descriptions d'itinéraires, l'ordonnancement des éléments qui composent la description est commandé par celui des étapes de l'itinéraire lui-même. La description fournit la procédure permettant d'effectuer une série de déplacements, le plus souvent en référence à des repères visuels. Le mode dominant de description est celui qui fait adopter à la personne qui va se déplacer une série de points de vue sur l'environnement à traverser. Il correspond à la perspective << en trajet >>. Il est également possible de faire prendre à la personne une perspective << en survol >>, en lui faisant adopter une vue du dessus de l'environnement, comme si elle lisait une carte.
La mémoire des itinéraires reflète parfois les caractéristiques de la perspective adoptée lors de l'apprentissage (Perrig et Kintsch, 1985). Cependant, certains auteurs ont montré que cette spécificité n'était pas toujours vérifiée (Taylor et Tversky, 1992). Nous avons donc étudié, dans le cadre du modèle de la mémoire de travail (Baddeley et Hitch, 1974 ; Logie, 1995), la mémorisation d'instructions directionnelles selon qu'elles sont traitées dans une perspective en trajet ou en survol. Le but était d'identifier l'implication des composantes de la mémoire de travail, à travers la mise en évidence de l'effet différentiel des perspectives sur la construction des représentations spatiales.
Description
Dans cette étude [1], les participants ont été invités à écouter et à mémoriser des instructions directionnelles adoptant une perspective en trajet ou en survol alors qu'ils effectuaient simultanément une tâche d'interférence verbale, spatiale ou visuelle. Les participants devaient ensuite dessiner le plan correspondant à ce qu'ils avaient mémorisé (Figure 1). Dans l'analyse des plans, nous avons distingué les deux types d'information caractéristiques des instructions directionnelles, à savoir les repères, qui font référence à des éléments perceptifs de l'environnement traversé, et les actions, qui correspondent aux déplacements et réorientations à effectuer en fonction des repères.
Résultats et perspectives
Les résultats montrent que l'interférence se manifeste de façon différente pour les deux types d'items et pour les deux perspectives (Figure 2). Dans les deux conditions (trajet ou survol), le traitement des actions est affecté uniquement par l'interférence spatiale. En revanche, le traitement des repères est sensible à la perspective adoptée au cours de l'apprentissage. Ainsi, en perspective trajet, le traitement des repères est affecté par la tâche visuelle. Les repères sont des éléments perceptifs de l'environnement dont la mémorisation fait vraisemblablement appel à l'imagerie visuelle, ce qui explique que l'interférence visuelle affecte leur traitement. En revanche, en perspective survol, c'est la tâche verbale qui engendre le plus de perturbations. En effet, il est coûteux de visualiser les repères du dessus, dans la mesure où ce point de vue est très inhabituel. Les participants auraient donc recours à une stratégie verbale pour mémoriser les repères. Ainsi, les repères semblent ne pas être traités de la même façon dans les deux perspectives. Au total, la différence fonctionnelle postulée par les chercheurs entre les repères et les actions est bien confirmée ici par les différences survenant dans leur traitement.
Références
[1] Deyzac, E., Logie, R. H., & Denis, M. : << Visuo-spatial
working memory and the processing of route directions >>.
In M. Corley (Ed.), Proceedings of the Twelfth ESCOP and
XVIIIth BPS Cognitive Section Conference (p. 80). Edinburgh, UK:
ESCOP/BPS, 2001.
-------
1 Département de Psychologie, Université d'Aberdeen, Royaume-Uni.
Groupe CH |
| Dpt CHM |
|
Sommaire
|
| Présentation |
|
---|
visiteurs.