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M. Brenner, C. Balkanski, M. Hurault-Plantet
Objet
Pour qu'un dialogue puisse réussir, les interlocuteurs ont besoin d'une base commune de connaissances, c'est-à-dire d'un ensemble de connaissances dont chaque interlocuteur croit que l'autre interlocuteur les possède également. Cette base commune est généralement exprimée en termes de croyances mutuelles. Le processus d'établissement des croyances mutuelles dans le dialogue a été étudié par Clark et Shaeffer (1989) dans le cadre d'un modèle des contributions au discours et a été décrit dans un modèle informatique par Traum (1994). Le but de ce travail est de représenter et d'utiliser les croyances des interlocuteurs et leurs croyances mutuelles dans un modèle de dialogue coopératif [1] développé par Balkanski et Hurault-Plantet et fondé sur les travaux de Grosz et Sidner (1986, 1990), Grosz et Kraus (1996) et Lochbaum (1994). Cette représentation des croyances et des croyances mutuelles permet à l'agent modélisé de produire des interventions mieux adaptées aux croyances de son interlocuteur.
Description
La représentation des croyances mise en oeuvre dans le modèle de dialogue comporte une mémoire propositionnelle, un espace de croyances non encore partagées, et une représentation des actes de langages [2], qui se trouvent dans le contexte de dialogue et la base de connaissances du système implémenté (voir figure 1).
La mémoire propositionnelle consiste en un ensemble dont chaque élément comprend toutes les croyances d'un agent sur une proposition et est représenté suivant le modèle d'espaces de croyance indépendants, présenté figure 2.
L'espace des croyances non encore partagées (sous-espace de la mémoire propositionnelle) contient les croyances unilatérales qui doivent subir le processus d'établissement des croyances mutuelles, c'est-à-dire être l'objet direct ou indirect d'échanges langagiers les confirmant en tant que croyances mutuelles des deux interlocuteurs. Ces nouvelles croyances mutuelles sortent alors de l'espace des croyances non encore partagées.
Les actes de langages sont représentés en termes de contenu propositionnel et de condition de pertinence comme le fait Bunt (1989). La condition de pertinence comprend des contraintes sur les croyances qu'un agent doit avoir sur le contenu propositionnel. Par exemple, un acte du type Informer ne peut être produit que si son contenu propositionnel est dans l'espace des croyances de celui qui veut le produire. L'effet immédiat de l'acte de langage est que l'interlocuteur croit que le locuteur croit ses conditions de pertinence remplies. Par exemple dans le cas de l'acte Informer, l'interlocuteur croit que le locuteur croit vrai son contenu propositionnel.
Des extensions ont été faites aux algorithmes d'interprétation et de génération du modèle de dialogue de manière à intégrer cette utilisation des croyances. Un exemple d'utilisation est montré figure 3. Dans cet exemple, l'utilisation des croyances permet de supprimer la génération d'un énoncé qui se révèle inutile car il communique une information déjà mutuellement connue.
Résultats et perspectives
Nous avons développé un modèle d'établissement des croyances mutuelles dans le dialogue fondé sur le modèle de Traum et sur la représentation des actes de langage de Bunt. Notre objectif est d'achever les extensions des algorithmes d'interprétation et de génération, et d'étendre la représentation utilisée pour les croyances acquises au cours du dialogue aux connaissances a priori de l'agent modélisé.
Références
[1] Balkanski, C., Hurault-Plantet, M. : << Communicative Actions in a
Dialogue Model for Cooperative Discourse: an initial report >>. AAAI Fall
1997 Symposium on communicative action in humans and machines, Cambridge,
MA, 1997.
[2] Brenner, M. : << Etablissement de croyances mutuelles dans le dialogue
homme-machine >>. Rapport de stage du DEA de Sciences Cognitives,
LIMSI-CNRS, 1999.
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