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R. Bussone, J.-P. Rossi
Objet
Les recherches sur les verbes sont généralement menées dans une optique de compréhension en ligne des processus inférentiels, mais réfèrent rarement à leur représentation sémantique ou à leur stockage en mémoire. Les travaux que nous présentons ici ont pour but de déterminer si les connexions inter-verbes sont plus importantes que les connexions correspondant à des situations. Des recherches récentes se sont penchées sur le problème avec succès et renouvellent la perspective des travaux sur la sémantique des verbes (Bussone et Rossi, 1998, 1999 ; Ferretti et al., sous presse ; McRae et al., 1997).
Description
Dans ce travail, deux études ont été réalisées. La première a consisté à construire une table d'associations comportant 217 verbes (à partir d'une épreuve de production non contrainte en réponse à des mots amorces). Elle avait pour but de réunir un corpus de verbes permettant de déterminer une première organisation possible. L'analyse des fortes associations (Tableau 1) indique que les verbes peuvent faire à la fois référence à d'autres verbes (synonymes, antonymes, apparentés) et à des concepts liés aux verbes (arguments potentiels, en majorité). A partir de ces données, nous avons extrait 64 verbes possédant des associations fortes, à partir desquels une expérience a été réalisée pour déterminer les effets d'amorçage liés aux associations verbe-verbe et aux associations verbe-nom. Si les données vont dans le sens d'un amorçage verbe-nom, alors on pourra parler de stockage de situations prototypiques. Inversement, si ce sont les associations verbe-verbe qui sont préférentiellement activées, on parlera d'une hiérarchie des verbes, alors que les situations ne sont instanciées qu'en contexte. L'expérience reprend les fortes associations verbe-verbe et verbe-nom comme matériel et les teste par une procédure d'amorçage avec décision lexicale.
Résultats et perspectives
Les résultats globaux (Figure 1) indiquent que le verbe n'amorce pas un autre verbe : les relations verbe-verbe (acheter-vendre par exemple) ne sont pas activées automatiquement. Pour cette condition expérimentale, on n'obtient aucun amorçage verbe-verbe, ce résultat impliquant que le lexique des verbes n'est pas structuré autour des verbes, mais plutôt autour des noms. En revanche, le verbe active le mot généralement associé, renvoyant à une organisation autour de situations prototypiques, apprises et généralisées. Ces résultats vont dans le sens de travaux sur les mots composés (nom-nom vs. verbe-nom, cf. Bussone et Rossi, 1998) qui indiquaient que les verbes ne préactivaient pas des unités équivalentes. Ils viennent également à l'appui des travaux de McRae et al. (1997) et de Ferretti et al. (sous presse).
Les recherches à venir doivent indiquer dans quelles conditions les situations prototypiques sont stockées en mémoire et quelles informations peuvent en être tirées en ce qui concerne le traitement du discours.
Références
[1] Bussone, R., & Rossi, J.-P. : `` The semantic representation of French
compound words ''. First International Conference on the Mental Lexicon,
Edmonton, Canada, 3-5 septembre 1998.
[2] Bussone, R., & Rossi, J.-P. : `` La représentation sémantique
des mots composés ''. Rapport d'Activité du LIMSI (pp. 226-227),
1999.
[3] Ferretti, T. R., McRae, K., & Hatherell, L. : `` Integrating verbs,
situation schemas, and thematic role concepts ''. Journal of Memory and
Language (sous presse).
[4] McRae, K., Ferretti, T. R., & Amyote, L. : `` Thematic roles as
verb-specific concepts ''. Language and Cognitive Processes, 1997, 12,
137-176.
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