Etude de la navigation pédestre en environnement non familier

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M.-P. Daniel, M. Denis

Figure

Objet

La diversité, fréquemment observée, des descriptions d'itinéraires nous a incités à tester leur efficacité en situation réelle de navigation. On peut en effet supposer que toutes les descriptions ne sont pas aussi efficaces les unes que les autres. Ainsi, nous avons comparé la valeur communicative de trois descriptions en mesurant les comportements qu'elles déclenchaient chez des sujets parcourant pour la première fois l'itinéraire concerné : temps d'exécution du trajet, nombre et durée des erreurs et des hésitations. Nous avons fait l'hypothèse qu'une description d'itinéraire préalablement évaluée comme `` bonne '' par des juges déclencherait, sur le terrain, de meilleures performances qu'une description jugée `` mauvaise ''. En outre, une `` description squelette '', réunissant les traits caractéristiques d'une description idéale (concision, absence de redondance et de sur-spécification, absence d'indétermination), devrait se traduire par une efficacité maximale sur le terrain [1].

Description

Trois groupes de 20 étudiants parisiens ne connaissant pas le campus d'Orsay ont été constitués. Les groupes étaient différenciés selon qu'ils utilisaient une << bonne >>, une << mauvaise >> ou une << description squelette >> pour accomplir la tâche proposée : parcourir l'itinéraire reliant le hall central de l'IUT d'Orsay au restaurant universitaire situé dans les locaux de Supelec. La bonne et la mauvaise descriptions ont été choisies en fonction des notes attribuées par des juges à un ensemble de 20 descriptions produites par des étudiants de l'IUT qui connaissaient parfaitement l'itinéraire. La description squelette était une description fabriquée, constituée des informations jugées les plus pertinentes, à l'issue d'une procédure de sélection opérée par des étudiants connaissant parfaitement l'itinéraire. Chaque sujet a été invité à lire et à mémoriser une description, sachant qu'il aurait ensuite à parcourir l'itinéraire décrit. Un temps maximal de mémorisation de 5 mn était accordé. L'itinéraire représentait un parcours de 417 mètres, avec alternance de segments en intérieur et en extérieur. Tout au long du parcours, l'expérimentateur suivait le sujet sans intervenir, en se maintenant à une distance d'environ 5 mètres.

Résultats et perspectives

Tous les indices considérés confirment la supériorité de la description squelette et de la bonne description par rapport à la mauvaise. Si l'on considère les temps nécessaires à l'exécution de l'itinéraire, les sujets bénéficiant de la description squelette et de la bonne description ont eu besoin de durées comparables, tandis que ceux qui ont reçu la mauvaise description ont eu besoin d'une durée significativement plus importante pour arriver au terme du parcours (Tableau 1). Le nombre d'erreurs de direction et de conduites exploratoires est significativement plus élevé après la lecture de la mauvaise description qu'après celle des deux autres (Tableau 2). Le nombre d'arrêts (et le temps total consacré à ceux-ci) est plus élevé avec la mauvaise description qu'avec les deux autres (Tableau 3). Enfin, la distorsion dans l'évaluation des distances est significativement plus élevée avec la mauvaise description : alors que l'un des segments d'une longueur effective de 210 mètres est légèrement sous-estimé avec la description squelette et légèrement surestimé avec la bonne description, il subit une surestimation de plus de la moitié de sa longueur réelle avec la mauvaise description (Tableau 4).

Ainsi, la valeur fonctionnelle de la description squelette est clairement confirmée. Toutefois, ces résultats doivent être approfondis, en particulier par une étude des critères à partir desquels les sujets connaissant un itinéraire identifient qu'il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise description. La prochaine expérimentation vérifiera que les différences observées proviennent bien des différences liées à la qualité intrinsèque des descriptions, et non pas à leur mémorabilité.

Références

[1] Daniel, M.-P., & Denis, M. : `` Spatial descriptions as navigational aids: A cognitive analysis of route directions ''. Kognitionswissenschaft, 1998, 7, 45-52.

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