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G. Fernandez, M. Denis
Objet
Dans une série d'expériences récentes [1], nous avons montré le rôle facilitateur de la mise en oeuvre de l'imagerie mentale visuelle dans la compréhension de descriptions d'itinéraires. Les participants étaient invités à lire une description d'itinéraire présentée sous forme de phrases, puis procédaient au rappel de cet itinéraire. Les phrases correspondaient aux différents constituants classiquement identifiés dans les descriptions d'itinéraires : phrases introduisant un repère (`` Il y a un pont ''), phrases mentionnant un détail du repère (`` Une bouée de sauvetage y est accrochée ''), phrases prescrivant une action (`` Traversez le pont ''). Les résultats suggéraient un traitement cognitif différencié des trois constituants, les repères étant les plus longuement traités et les mieux mémorisés, suivis des actions et des détails. Ils montraient en outre que les participants les plus efficients à deux tests visuo-spatiaux mémorisaient mieux les descriptions que les autres participants. Enfin, des consignes d'imagerie invitant les participants à visualiser mentalement le parcours décrit facilitaient la mémorisation des descriptions.
Les effets facilitateurs de l'imagerie mentale seront-ils maintenus lorsque les participants sont soumis à une contrainte temporelle pendant la lecture ? Comment une telle contrainte temporelle affectera-t-elle les trois composantes des descriptions d'itinéraires ?
Description
Le paradigme expérimental utilisé permettait de manipuler l'imagerie mentale visuelle à partir de consignes invitant le sujet à visualiser le parcours durant la lecture. Deux consignes permettaient de contraster deux modes de visualisation d'un environnement. La première invitait le participant à visualiser l'environnement décrit selon la perspective d'un marcheur imaginaire (condition Trajet), alors que la seconde consistait à imaginer mentalement le territoire décrit comme vu d'en haut et s'inscrivant progressivement dans une carte (condition Survol). Dans une condition Contrôle, les participants étaient invités à lire les descriptions sans consigne particulière autre qu'une consigne d'apprentissage. Dans les trois conditions, les participants lisaient une description à leur propre rythme (lecture standard) et une autre description à un rythme rapide qui leur était imposé (lecture contrainte).
Résultats et perspectives
Les résultats montrent une chute significative de la mémorisation lorsqu'une contrainte temporelle est imposée durant la lecture des descriptions, pour la condition Contrôle et pour la condition Trajet, mais la condition Survol ne souffre pas des effets de la contrainte temporelle de lecture (Figure 1). Si l'on considère les différents composantes des descriptions, il s'avère que les effets de la contrainte temporelle affectent de façon similaire la mémorisation des repères et celle des actions (Figures 2 à 4). Les détails étant des items faiblement mémorisés en conditions Contrôle et Survol, la contrainte temporelle n'affecte pas leur mémorisation (effet plancher), mais elle affecte significativement leur rétention dans la condition Trajet, qui favorise leur mémorisation.
Dans le cadre d'un projet PROCOPE mené avec Mike Rinck, de l'Université de Dresde, Allemagne, nous nous proposons de comparer l'effet de deux versions de descriptions d'itinéraires, l'une reprenant la version prescriptive impliquant directement le lecteur de la description (`` Vous voyez un pont. Une bouée de sauvetage y est accrochée. Vous traversez ce pont ''), l'autre se développant sous une forme narrative à la troisième personne (`` Paul aperçut un pont. Une bouée de sauvetage y était accrochée. Il traversa ce pont ''). Dans cette dernière version, les effets d'un contexte explicitant les motivations du déplacement du personnage seront considérés.
Références
[1] Fernandez, G. : `` Aspects différentiels dans la compréhension de descriptions spatiales ''. In M. Huteau & J. Lautrey (Eds.), Approches différentielles en psychologie (pp. 155-161). Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 1999.
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